La Cinémathèque française Catalogue des restaurations et tirages
  • Pour vos beaux yeux - Henri Storck - 1929 - Collections de La Cinémathèque française
  • Pour vos beaux yeux - Henri Storck - 1929 - Collections de La Cinémathèque française
  • Pour vos beaux yeux - Henri Storck - 1929 - Collections de La Cinémathèque française
  • Pour vos beaux yeux - Henri Storck - 1929 - Collections de La Cinémathèque française
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4

Pour vos beaux yeux

Henri Storck / Fiction / Belgique / 1929

Une anecdote cruelle sur un thème d'obsession optique : un œil de verre dont un jeune homme ne parvient pas à se débarrasser.

Jean Queval, à l'occasion de la programmation "Henri Storck ou la traversée du cinémaᅠ", Festival du film belge, novembre 1976.

  • Titre original : Pour vos beaux yeux
  • Autre titre : Voor je mooie ogen
  • Genre : Expérimental
  • Année de production : 1929
  • Année de sortie d'origine : 1929
  • Date de sortie en France : —
  • Format d'origine : 35
  • Métrage d'origine : —

Il semblerait que l'unique copie de ce film confiée à la Cinémathèque française et à Mary Meerson pour être restaurée dans un laboratoire du Midi de la France se soit égarée et n'ait pu être retrouvée à ce jour. Un fragment sur support nitrate a cependant été retrouvé lors de l'inventaire en 2006. Il a donc été tiré une copie 35mm sur support safety.

Informations techniques sur les copies

Année du tirageProcédé imageVersionMétrageCadenceMinutageFormat
2006Noir et blanc134 m24 i/s4 min35

Je n'y comprends goutte.

Ensor à Storck, 1929.

Ostende 1929. Henri Storck et Labisse sont de grands amis. Le premier a créé le club du cinéma. Le second a ouvert une galerie avec sa sœur Ninette qui est sculpteur. Labisse devient le secrétaire adjoint du club du cinéma. Entre les deux compères, pour complices qu'ils soient, tout n'est pas gagné, fort heureusement il y a des divergences. La discussion est de mise. Ils s'envoient des lettres et les publient pour rendre les querelles publiques. Mais l'idéologie et la polémique ne leur suffisent pas. «II faut faire des films» dit Labisse à Henri. Ils avaient lu Breton et Storck envoie à Ensor Le Poisson Soluble. Déception, le maître répond «Je n'y comprends goutte». Le coup est dur mais la jeunesse et l'enthousiasme l'emportent. Si les puissances tutélaires ne les suivent pas, tout en les honorant, ils iront leur chemin et leur désir... «Félix et moi nous décidâmes que nous ferions du cinéma. J'avais tourné Images d'Ostende en 1929, mais le film suivant Pour vos beaux yeux, c'est lui qui imagina le scénario. C'était l'histoire bizarre d'un jeune homme qui achetait un œil de verre et l'envoyait par la poste.»

Le déroulement des 75 plans est publié en annexe sur le site de la Fondation et dans le livret du DVD édité par la Cinémathèque royale de Belgique. Il est parfaitement jubilatoire et s'est tourné dans la même année que L'Age d'or. Sa perte est consternante. Le film s'ancre, comme les premières œuvres d'Henri Storck, dans l'esprit surréaliste. L'érotisme s'allie à la critique sociale. Ce film sera projeté au studio du Palais des Beaux-arts, au Club de l'écran de Bruxelles.

Quelques mots autour d'Henri Storck

Un cinéma rigoureux, fondé sur la réalité mais soumis aux règles de la mise en scène, cette esthétique, qui est aussi une éthique, Henri Storck l'a apprise des films de Flaherty. Il a vingt ans lorsqu'il découvre, émerveillé, Moana au Club du cinéma, à Bruxelles. Il crée un ciné-club à Ostende et se met à filmer sa ville natale avec une candide caméra d'amateur.

Les appareils et les techniques se perfectionneront au fil des temps, avec l'histoire même du cinéma, et, en plus d'un demi-siècle, Storck explorera tout le champ du documentaire. Il ne sait pas encore, lorsque Flaherty lui révèle sa voie, qu'il sera l'un des maîtres du film anthropologique.

Le jeune Henri Storck devient cinégraphiste officiel de la ville d'Ostende en 1930. Il développe lui-même ses négatifs dans le laboratoire qu'il a aménagé et le soir il montre ses actualités dans un cinéma de la ville, avec accompagnement d'orchestre. Mais il s'occupe aussi avec diligence du magasin de chaussures qu'il a hérité de son père, rue Buyl ; il tient des comptes rigoureux, tout en prenant plaisir à caresser d'une main professionnelle le pied des jolies dames. Une sélection de ces premières images sera rassemblée dans Ostende, reine des plages, pour lequel Jaubert écrivit sa première musique de film (1930). Mais surtout, il entreprend, expérimentateur solitaire, une série d'essais poétiques qui paraissent, alors, bien insolites, telle cette série de variations plastiques sur le thème de la mer, du vent et du sable, modestement intitulée Images d'Ostende (1929-1930). Il montre ces fascinantes images marines lors du second congrès international du cinéma indépendant qui se tient à Bruxelles en décembre 1930, et Jean Vigo, venu présenter A propos de Nice s'écrie rigolard : «ᅠQue d'eau, que d'eau!ᅠ» Ce sera le début d'une fervente amitié.

A cette rencontre participait aussi Germaine Dulac, directrice de la société Gaumont Franco-Film (G.F.F.A.). Elle engage les deux jeunes gens comme assistants et les invite à venir travailler avec elle. Et voilà Henri Storck à Paris d'abord, à Nice ensuite, où il retrouve Vigo. Il retourne à Ostende durant l'été 1931 où il réalise un merveilleux petit film tout à fait farfelu, un film inclassable, mi-fiction, mi-rêverie: Une idylle à la plage. Il s'en va à Paris sonoriser ces images d'une étonnante liberté et devient l'assistant de Vigo pour Zéro de conduite. Il fait une brève apparition à l'écran en soutane.

Luc de Heusch

(Extraits du site de la Fondation Storck)

Note de l'auteur : toutes les précisions de cette notice, puisqu'ils ne peuvent pas s'appuyer sur le film lui-même, ont été racontées par Henri Storck qui a fouillé dans ses documents et sa mémoire le 9 juillet 1994.

Autour du réalisateur

  • Fonds Henri Storck

    Le Fonds Henri Storck est une association qui a été créée en 1988 afin de conserver et de gérer le patrimoine cinématographique d’Henri Storck et d’autres cinéastes qui lui étaient proches comme Luc de Heusch, Charles Dekeukeleire, Ernst Moermans, David Mc Neil, Pierre Alechinsky et Patrick Van Antwerpen.
    Les films et les archives (photos et documents) de ceux-ci y sont accessibles au public sur simple demande

    http://www.fondshenristorck.be/index.php?lang=french

  • Vincent Geens, Le temps des utopies, L’ambition cinématographique d’Henri Storck, de 1907 à 1940.

    http://www.cegesoma.be/docs/media/chtp_beg/chtp_07/chtp7_06_Geens.pdf

  • Henri Storck Memoreren (Mémorer Henri Storck), ouvrage collectif sous la coordination de Johan Swinnen et de Luc Deneulin (respectivement professeur et collaborateur scientifique à la Section des sciences de l’art et d’archéologie de la Vrije Universiteit à Bruxelles), VUBPress, 2007.

  • Vertigo, Volume 1, Issue 4, Hiver 1994, (GB), Dossier Storckᅠ:

    -Julian Petley, "Henri Storck, Documentarist, Surrealist, Anarchist".

    -"Interview avec Henri Storck" par Julian Petley et Michael Chanan.

    http://www.closeupfilmcentre.com/vertigo_magazine/volume-1-issue-4-winter-1994-5/henri-storck-docume

  • Lily Baron, Ciné-Bulles, «ᅠEntretien avec Henri Storckᅠ», vol. 16, n° 2, 1997, p. 22-25.

    http://www.erudit.org/culture/cb1068900/cb1120584/827ac.pdf

  • DVD SURRÉALISME ET EXPÉRIMENTATION DANS LE CINÉMA BELGE

    édition Cinemathèque royale de Belgique.

    http://www.cinematek.be/?node=30&dvd_id=24&lng=fr

  • Dossier spécial Henri Storck, articles d'Emile Cantillion, Jacques Polet, Daniel Sotiaux, D. Janssens Casteels, Josette Debacker et Paul Davay, Numéro spécial de la Revue Belge du Cinéma, 1979.