Un vieil homme, qui porte une affection toute particulière à la nature et aux fleurs, réalise de multiples compositions florales et minérales. Un jour, un tracteur vient labourer les champs et des pelles mécaniques arrachent les fleurs de terre.
- Titre original : Sapovnela
- Autre titre : La Chanson des fleurs perdues
- Titre parallèle : El Canto de la flor imposible de encontrar
- Titre parallèle : Le Chant de la fleur introuvable
- Titre parallèle : Pesnia o tsvetke, kotori nikto ne mojet naïti
- Année de production : 1959
- Année de sortie d'origine : 1959
- Date de sortie en France : —
- Format d'origine : 35
- Métrage d'origine : 480 m
- Réalisateur : Otar Iosseliani
- Scénariste : Otar Iosseliani
- Société de production : Kartuli Pilmi (Tbilissi)
Cette copie a été sauvegardée par La Cinémathèque française en 2001 à partir d’un élément nitrate provenant de ses collections.
Informations techniques sur les copies
Année du tirage | Procédé image | Version | Métrage | Cadence | Minutage | Format |
---|---|---|---|---|---|---|
2001 | Couleur | Géorgien | 471 m | 24 i/s | 17 min | 35 |
Projections notables (avec accompagnement musical)
Date de projection | Lieu | Accompagnement musical | Commentaire |
---|---|---|---|
2002-02-14 | Cinémathèque française | Intégrale Otar Iosseliani |
Après avoir filmé les sujets d’actualité les plus divers dans le cadre de ses études (cérémonies officielles, activité d’une scierie, jubilé du Conservatoire géorgien, etc.), Otar Iosseliani choisit comme sujet pour son second film, un vieil homme, presque centenaire, amateur de compositions florales et minérales (il apprendra ensuite que sa profession était confectionneur des couronnes mortuaires). Pour ce film, il appuie la spécificité documentaire par l’usage d’une voix off et, fait exceptionnel dans son œuvre géorgienne, par la prise de vues en couleur.
Iosseliani décrit l’homme dans son élément, la nature qui l’entoure, les fleurs sauvages butinées par les abeilles et dévorées par les vaches, la serre dans laquelle il prend soin de ses fleurs les plus précieuses comme on préserve des joyaux. Le ciénaste s’applique également à détailler la variété de son œuvre artisanale, ses mains expérimentées au travail, le choix des matériaux, l’inspiration des motifs provenant de sculptures anciennes sur bois ou de tapis, le tissage méthodique de paniers en osier. Le vieil homme est si attentif à ses fleurs que Iosseliani les imagine lui chuchoter à l’oreille et soupirer à la nuit tombée. Une mélodie s’élève alors des champs de fleurs sauvages, comme si chaque variété se rejoignait dans cette incantation. C’est alors que Iosseliani provoque l’intrusion des tracteurs dans cette harmonie. La destruction des champs, sauvagement labourés, fait définitivement taire la mélopée. Les pelles mécaniques retournent la terre avant que le goudron ne recouvre tout. La nature reprendra-t-elle le dessus? Les plantes commencent déjà à repousser dans les fissures du bitume…
Le documentaire artisanal d’aspect bucolique se conclut par une hécatombe, ce qui suscite un bon nombre de questionnements. Iosseliani explique: «Personne n’arrivait à se débarrasser de la censure et la première question qu’on me posa fut : que représente le goudron, et que représente le champ d’herbe ?[1]». Il se défend: loin d’être une critique, Sapovnela est «une sorte de petit divertissement jovial». On connaît les tentatives de rapprochement souvent opérées entre l’œuvre de Jacques Tati et celle d’Otar Iosseliani. Si Sapovnela, du moins dans sa dernière partie, devait faire référence à un film de Tati, ce serait sans aucun doute à Mon Oncle. Dans ce film, le fragile mur de pierres demeure l’unique rempart qui préserve les vestiges d’un monde «ancien», populaire et chaleureux, illustré par le vieux Saint-Maur, résistant à l’envahissant monde «moderne», froid et distant, celui des grands ensembles urbains et de la Villa Arpel. Sapovnela amorce déjà un certain discours écologique qu’Otar Iosseliani développera davantage, sur le mode espiègle de la fiction et d’un point de vue plus social, dans son film suivant : Aprili.
Samantha Leroy
[1] Conversa com Otar Iosseliani, entretien avec Luciano Barcaroli, Carlo Hintermann et Daniele Villa, les 21 et 22 février 1998, in Otar Iosseliani: o mundo visto da Geórgia / A Geórgia vista do mundo, Ed. Cinemateca portuguesa – Museu do cinema, 2006, p.41 (citation traduite par l'auteur).
Autour du réalisateur
«ᅠConversa com Otar Iosselianiᅠ» in Otar Iosselianiᅠ: o mundo visto da Georgia/ A Georgia vista do mundo, Ed. Cinemateca portuguesa – Museum do Cinema, 2006.
Rapahaël Bassan et Guy Gauthier, «ᅠOtar Iosselianiᅠ», in La revue du cinéma, n°402, février 1985.
Positif n° 206, mai 1978
Positif n°110, novembre 1969
Anthony Fiant, (Et ) le cinéma d’Otar Iosseliani (fut), Ed. L’Age d’Homme, Lausanne, 2002.
Autour du film
«ᅠConversa com Otar Iosselianiᅠ» in Otar Iosselianiᅠ: o mundo visto da Georgia/ A Georgia vista do mundo, Ed. Cinemateca portuguesa – Museum do Cinema, 2006.
Entretien avec Luciano Barcaroli, Carlo Hintermann et Daniele Villa, les 21 et 22 février 1998.
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