La Cinémathèque française Catalogue des restaurations et tirages
  • Prétexe - Alfred Sandy - 1928 - Collections La Cinémathèque française
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Prétexte

Alfred Sandy / Non-fiction / France / 1928

Les films, sous-titrés par Sandy « Divertissement visuel » ou « Essai cinégraphique », présentent le plus souvent des volumes abstraits (anneaux, cylindres, parallélépipèdes, spirales...) dans un mouvement tantôt tournoyant (vraisemblablement sur un plateau de gramophone), tantôt filmé en animation (empilement progressif des volumes). Les effets de lumière sont variés : lumière dure mettant en relief les formes nettes et contrastées des volumes et de leurs ombres, ou jeux de scintillements qui peuvent faire penser à certaines séquences de Cinq minutes de cinéma pur (1925), d’Henri Chomette, ou d’Emak Bakia (1926), de Man Ray.

Outre les volumes en rotation, qui sont parfois présentés en surimpression, on trouve dans Prétexte des séquences abstraites d’allure « hypnotique», composées de cercles concentriques dont le mouvement semble creuser et pénétrer le plan de l’écran. D’autres plans très « minimalistes », et efficaces dans leurs effets optiques, sont constitués de volets horizontaux s’ouvrant et se fermant, occupant la totalité du cadre, et qui cette fois peuvent faire songer aux derniers Opus (1925) de Walther Ruttmann. Dans les derniers plans de Prétexte, le jeu avec les volumes et figures abstraits et nettement découpés laisse la place à une approche toute différente de l’abstraction : ce qui semble être des corps gras en mouvement (huiles ?) dessine des formes aléatoires qui se font et se défont, perdent consistance, à la manière des magnifiques images (à finalité scientifique) obtenues par Étienne-Jules Marey enregistrant en 1900 des volutes de fumées : Déformation de filets de fumée rectilignes à la rencontre de corps divers.

Patrick de Haas

(Source catalogue Centre Georges Pompidou)

  • Titre original : Prétexte
  • Genre : Expérimental
  • Année de production : 1928
  • Année de sortie d'origine : 1928
  • Date de sortie en France : 1er mars 1928
  • Format d'origine : 35
  • Métrage d'origine : 140 m

Film sauvegardé en 1957 d'après un élément de conservation issu des collections de la Cinémathèque française.

Informations techniques sur les copies

Année du tirageProcédé imageVersionMétrageCadenceMinutageFormat
Noir et blanc134 m24 i/s5 min35

Projections notables (avec accompagnement musical)

Date de projectionLieuAccompagnement musicalCommentaire
2012-05-10rétrospective Jeune dure et pure - Cinémathèque française
1997-09-15BAM/PFA - A selection of French Avant Garde - Université de BerkeleyProgrammation initiée à l'occasion du 55e anniversaire du festival de Telluride

Au sujet de Lumière et Ombre, Essais cinématographiques, Prétexe, 1928.

Ces films ont été réalisés par Alfred Sandy, un cinéaste sur lequel il existe à ce jour peu de renseignements. Ils appartiennent au courant dit du «Cinéma abstrait», illustré par Henri Chomette, Hans Richter ou Francis Bruguière. On sait que Lumière et Ombre a été projeté au Studio 28 à partir du 4 juin 1928 et Essais cinématographiques du 7 juillet 1930 au 21 août 1930. Le Studio 28 avait participé à leur production.

Les deux films méritent d’être comparés aux meilleures réussites de ce cinéma fondé sur l’hypnose et l’étude des métamorphoses lumineuses et des « cristallisations» (mouvements de cristaux et anamorphoses de figures géométriques). Ils évoquent irrésistiblement les motifs de Man Ray qu’ils développent par bien des aspects.

Dans les années cinquante, dans un texte inédit retrouvé dans ses cahiers, Henri Langlois intégra Sandy au sein de la tendance surréaliste du cinéma d’avant-garde français représentée par Entr’acte et la Coquille et le Clergyman :

«Ces deux films appartiennent à la vision de René Clair et de Germaine Dulac et ne sont que la transposition cinématographique des arguments surréalistes imaginés par Picabia et un scénario d’Artaud. Par là ils se rattachent à un mouvement surréaliste, surtout Entr’acte où René Clair invente dans l’esprit profondément dadaïste de Picabia. Ces deux films et un court métrage, Fait divers, inspiré à Claude Autant-Lara en 1922 par le théâtre d’avant-garde que dirigeait son père et sa mère et dont il décorait la mise en scène et interprété par Artaud qui jouait dans ce théâtre, sont les seules expressions directes de l’art d’avant-garde dans le cinéma français avec la Perle de Georges Hugnet et un film inconnu et mystérieux du nom de Prétexte qui est signé du pseudonyme de Sandy car on ne peut appeler un film l’Anémic cinéma de Marcel Duchamp.» (Nous soulignons).

Dominique Païni

(In Jeune, dure et pure, Une histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France, sous la direction de Nicole Brenez et Christian Lebrat, Ed. Cinémathèque Française /Mazzota, 2001)

Autour du réalisateur

  • Jeune, dure et pure, Une histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France, sous la direction de Nicole Brenez et Christian Lebrat, Ed. Cinémathèque Française /Mazzota, 2001.