L’ultime œuvre de Max Ophuls est composée d’une série d’épisodes caractéristiques de la vie de la légendaire danseuse et courtisane du XIXe siècle Lola Montès. Vue à travers les yeux de Max Ophuls, l’héroïne devient un symbole de la solitude qui hante ceux qui choisissent la gloire et les scandales comme mode de vie. À l’instar des vedettes du star system des années 1950, Lola se retrouve rejetée et exploitée par ce même milieu qu’elle a voulu conquérir le long de son parcours vertigineux dans le monde du spectacle et de la haute société européenne.
Sa vie est racontée grâce à des flash-backs qui «ᅠtournentᅠ» autour d’un axe narratif central, le cirque américain où, telle un fauve, Lola Montès est exposée après son violent départ du Vieux Continent. Au milieu d’un public avide des détails crus, elle se remémore ses aventures amoureuses les plus tumultueuses, dont sa fameuse relation avec le roi de Bavière qui l’a conduite à l’exil.
- Titre original : Lola Montès
- Titre parallèle : Lola Montez
- Titre parallèle : The Fall of Lola Montes
- Genres : Aventures - Biographie filmée
- Année de production : 1955
- Année de sortie d'origine : 1955
- Date de sortie en France : 23 décembre 1955
- Format d'origine : 35
- Métrage d'origine : 3096 m
- Visa d'exploitation : 15936
- Réalisateur : Max Ophuls
- Assistants réalisateurs : Ully Pickardt, Tony Aboyantz, Claude Pinoteau, Marcel Ophuls
- Scénariste : Max Ophuls
- Auteur de l'oeuvre originale : Cécil Saint-Laurent
- Adaptateurs : Annette Wademant, Max Ophuls
- Dialoguiste : Jacques Natanson
- Sociétés de production : Gamma Film (Paris), Florida Films (Paris), Union-Film GmbH (München), Oska-Film GmbH (München)
- Producteur : Albert Caraco
- Directeur de production : Ralph Baum
- Distributeur d'origine : Gamma Film (Paris)
- Directeur de la photographie : Christian Matras
- Cadreur : Alain Douarinou
- Ingénieur du son : Antoine Petitjean
- Compositeur de la musique originale : Georges Auric
- Chorégraphe : Helge Pawlinin
- Décorateur : Jean d' Eaubonne
- Costumiers : Marcel Escoffier, Georges Annenkov
- Maquilleur : Maguy Vernadet
- Coiffeur : Jean Lalaurette
- Monteur : Madeleine Gug
- Scripts : Lucie Lichtig, Eva-Ruth Ebner
- Régisseur : André Hoss
- Photographe de plateau : Raymond Voinquel
- Interprètes : Martine Carol (Lola Montès), Peter Ustinov (Jones, l'écuyer), Anton Walbrook (Louis II de Bavière), Ivan Desny (James), Henri Guisol (Maurice), Lise Delamare (Madame Craigie, la mère de Lola), Paulette Dubost (Joséphine), Oskar Werner (l'étudiant), Jean Galland (le secrétaire du baron), Héléna Manson (la soeur de James), Will Quadflieg (Liszt), Jacques Fayet (le steward), Daniel Mendaille (le capitaine), Piéral (le nain Eddie), Claude Pinoteau (Claudio Pirotto, le chef d'orchestre), Béatrice Arnac (une écuyère), Germaine Delbat (la stewardess), Willy Rösner (le Premier ministre), Willy Eichberger (le médecin), Werner Finck (le peintre), Gustav Waldau (l'oto-rhino), Walter Kiaulehn (l'intendant du théâtre de la cour), Friedrich Domin (le directeur du cirque), Marcel Ophuls (un aboyeur), Eddy Debray, Betty Philipsen, Bernard Musson, Jean Filliez, Jeanine Fabre, Hélène Iawkoff, La Troupe des Cirques Kröne et Brumbach
- (Extérieur) Magagnosc (Alpes-Maritimes), France
- (Studio) Studio : Studios de la Victorine, Nice (Alpes-Martimes), France
- (Extérieur) Paris, France
- (Studio) Studio : Franstudio, Joinville-le-pont (Val-de-Marne), France
- (Extérieur) Bavière, République fédérale d'Allemagne
- (Extérieur) Château de Pommersfelden (Bavière), République fédérale d'Allemagne
- (Extérieur) Bamberg (Bavière), République fédérale d'Allemagne
- (Studio) Studio : Bavaria Filmstudios, Geiselgasteig, Grünwald (Bavière), République fédérale d'Allemagne
Les restaurations de Lola Montès
Ce n’est qu’en 1968 que le film se rapproche de nouveau de son montage initial. Le producteur Pierre Braunberger achète alors les droits du film et cherche à reconstituer la version voulue par le réalisateur. Effectivement, lors de sa nouvelle sortie, Lola Montès est très proche de la deuxième version de 1956. C’est sous cette forme que le film a été vu jusqu’aux restaurations de 2003 et de 2008.
En 2003, le Filmmuseum München décide de restaurer la version allemande, sortie sous le titre Lola Montez, à partir d’éléments conservés essentiellement dans ses collections. Stefan Drössler et son équipe mènent les recherches documentaires autour de l’œuvre et suivent les travaux numériques. Marcel Ophuls, fils de Max, l’un des assistants réalisateurs lors du tournage et possédant les droits d’auteur du film, finit par ne pas approuver le résultat.
La restauration par la Cinémathèque française et les Films du Jeudi/Films de la Pléiade
En France, c’est en 2005 que commencent les premières discussions entre la Cinémathèque française et les Films du Jeudi/Films de la Pléiade autour d’un tirage d’une copie neuve de la version française. L'analyse des éléments disponibles prouve qu'une restauration est nécessaire. Le projet se met en place, mais au fur et à mesure de son avancement, l'équipe se trouve face à des complications de tous genres.
Le négatif original est remanié depuis la sortie du film en 1957, et les plans éliminés n’existent plus. Les nombreuses collures sont en mauvais état et ont abîmé l’image. Des sélections monochromatiques d’époque (le négatif image avait été tiré sur trois pellicules différentes, une pour chaque couleur complémentaire), correspondant à la version de 1956, complètent le montage. Elles sont pourtant marquées sur plusieurs endroits par l’ᅠ"anneau de Newtonᅠ", un défaut sur l’image créé pendant leur tirage.
Lors de la restauration de 2008, les plans qui ont été enlevés après la première du film en 1955 sont aussi reconstitués. Le but est de rétablir la toute première version du film, conçue par Max Ophuls. Ces plans sont récupérés dans la copie de travail conservée par la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg dont les couleurs sont fortement dénaturées.
Le son provient de la seule copie de la version de 1955 en format CinemaScope à quatre pistes magnétiques, conservée par la Cinémathèque Royale de Belgique, ainsi que de deux copies correspondant à la deuxième version de 1956 (une à quatre pistes magnétiques et une à piste optique-monophonique). La numérisation de ces éléments avait déjà été effectuée par le Fimmuseum München en 2003 et Stefan Drössler a gracieusement soumis les éléments numériques à la Cinémathèque française. La restauration du son a été accomplie par le laboratoire Diapason à Paris.
En ce qui concerne l’image, les techniciens du laboratoire Technicolor à Burbank ont su combiner harmonieusement tous les éléments hétérogènes ayant servi à la reconstruction de Lola Montès. Les recherches menées tant par l’équipe de la Cinémathèque française que par François Ede, conseiller technique sur le projet, ont guidé les travaux. Marcel Ophuls a suivi et approuvé l’étalonnage ainsi que la reconstruction de la bande son.
À la fin du projet, un nouveau négatif photochimique pour la conservation, ainsi que des copies d’exploitation, ont été tirés à partir de l’élément numérique restauré.
La restauration a pu être réalisée grâce au concours de la Fondation Thomson (actuellement Technicolor) et du Fonds Culturel Franco-Américain (DGA - MPA - SACEM -WGAW), ainsi qu’aux mécénats de L’Oréal et d’agnès b.
Iris Deniozou
Informations techniques sur les copies
Année du tirage | Procédé image | Version | Métrage | Cadence | Minutage | Format |
---|---|---|---|---|---|---|
2008 | Couleur | Français-Anglais | 3149 m | 24 i/s | 114 min | 35 |
2008 | Couleur | Français | 3157 m | 24 i/s | 115 min | 35 |
Projections notables (avec accompagnement musical)
Date de projection | Lieu | Accompagnement musical | Commentaire |
---|---|---|---|
2008-05-16 | Cannes Classics |
La création de Lola Montès
Le scénario a connu plusieurs traitements jusqu’à ce que les trois versions finales pour un tournage en français, en allemand et en anglais, soient définies. Lola Montès est le premier film de Max Ophuls en couleur, tandis que la production lui a également imposé le CinemaScope, un procédé encore «ᅠjeuneᅠ». Le réalisateur a su maîtriser à sa manière les défis techniques et esthétiques que lui posaient l’écran large, le son stéréophonique ainsi que l’Eastmancolor. Il a utilisé des caches noirs quand l’ampleur de son cadre ne lui convenait pas et a ignoré la quatrième piste son, celle de l’ambiance. Il a magnifié les couleurs, en désignant pour chaque séquence de la vie de Lola un ensemble de teintes dominantes. Il a fait enregistrer des dialogues qui, souvent, se chevauchent et se distinguent difficilement.
Ophuls était connu pour la complexité des mouvements de sa caméra. Cette particularité, ainsi que sa conception très précise des couleurs et de la mise en scène, conçue dans des décors somptueux, ont souvent fait du tournage un casse-tête technique et financier. Malgré les difficultés, Ophuls réclamait inlassablement que son équipe réalise ses idées extravagantes. Si on ajoute à ces dépenses les prises de vues en trois langues différentes et les cachets des comédiens-stars tels Martine Carol ou Peter Ustinov, on peut imaginer comment Lola Montès a fini par être, au moment de sa sortie, le film le plus cher de l’histoire du cinéma français.
Les versions de Lola Montès
Une importante campagne promotionnelle est lancée en faveur du film même avant les débuts du tournage. Malgré cette publicité, Lola Montès s’avère un lourd échec commercial. La première du film a lieu le 23 décembre 1955, un jour après une avant-première où le «ᅠtout-Parisᅠ» est présent. Après un accueil plutôt glacial le 22, la soirée du 23 finit en scandaleᅠ: les spectateurs, déçus par le manque des scènes suggestives promises par la production et déconcertés par la narration non linéaire, se ruent devant le Marignan aux Champs-Elysées, pour empêcher le public d’assister aux séances suivantes.
Quelques jours plus tard, quelques critiques, menés par François Truffaut, soutiennent avec ferveur le film dans la presse. Un groupe de cinéastes (comprenant Cocteau, Rossellini, Astruc, Tati, Kast et Christian-Jaque) signe une lettre publiée dans Le Figaro et prend la défense du film.
Face aux premières réactions négatives, Ophuls accepte d’enlever quelques plans de son montage initial. Les dialogues de la première version multilingue sont désormais tous doublés en français pour le marché hexagonal et en allemand pour le marché outre-Rhin. Le film ressort en salle début 1956, sans pourtant séduire le public. En février 1957, le producteur décide de diffuser une troisième version du film. La narration est désormais linéaire et les faits racontés par la voix-off de Martine Carol. La version allemande suit un parcours similaire, tandis que pour les marchés des États-Unis et de l’Angleterre, où le film est distribué à partir de 1957, c’est le modèle de cette troisième version qui est suivi.
Pendant ces événements, Ophuls, malade, fait une cure en Allemagne. Il ne donne jamais son approbation pour le remaniement des négatifs originaux. Nombreux sont ceux qui pensent que le chagrin de savoir son film charcuté a conduit Max Ophuls à la mort à l’âge de 54 ans, le 26 mars 1957.
Iris Deniozou
Autour du film
Iris Deniozou, La grande aventure de Lola Montès de Max Ophuls (1955) : de la conception à la restauration par la Cinémathèque française (2006-2008), projet de thèse depuis 2005, Université Paris 1, sous la direction de Jean Gili.
Site documentaire sur le film et la restauration
http://www.cinematheque.fr/expositions-virtuelles/lolamontes/index.htm
Présentation du film sur le site du distributeur et ayant droit, Les Films du jeudi
http://www.filmsdujeudi.com/fr/catalogue-film-lola-montes-LLOLA01.html
Autour du réalisateur
Présentation du fonds Max Ophuls conservé à la Cinémathèque française
http://www.cineressources.net/repertoires/archives/fonds.php?id=ophuls
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