La Cinémathèque française Catalogue des restaurations et tirages
  • Le Double amour - Jean Epstein - 1925 - Collections La Cinémathèque française
  • Le Double amour - Jean Epstein - 1925 - Collections La Cinémathèque française
  • 1
  • 2

Le Double amour

Jean Epstein / Fiction / France / 1925

La comtesse Laure Maresco s'éprend d'un joueur, Jacques Prémont-Solène. Celui-ci perd une somme importante et songe au suicide. Laure l'en empêche avant d'apprendre que son amant a dilapidé la recette d'une fête de bienfaisance dont elle s'est occupée. Sa famille envoie le jeune homme en Amérique pour fuir le scandale. Il revient vingt ans plus tard fortune faite.

  • Titre original : Le Double amour
  • Autre titre : Le Calvaire d'Hélène
  • Genre : Drame psychologique
  • Année de production : 1925
  • Année de sortie d'origine : 1925
  • Date de sortie en France : 27 novembre 1925
  • Format d'origine : 35
  • Métrage d'origine : 2000 m
  • Visa d'exploitation : 87576
Lieux de tournage :
  • (Extérieur) Côte d'Azur, France
  • (Studio) Studio Montreuil, France

Le film a été reconstruit et sauvegardé en 1986 par Renée Lichtig, à partir du négatif original conservé à la Cinémathèque française, négatif qui avait rejoint les collections dès 1958.

En 2009, avec l’aide du Fonds Culturel Franco-Américain (DGA - MPA - SACEM -WGAW), les teintes d’origine ont été réintroduites grâce à deux éléments issus des collections : une copie teintée d’époque et le négatif original. Par ailleurs, cette copie nitrate a permis de réintroduire quelques plans et inserts qui manquaient dans la reconstruction de 1986.

En 2013, le film fut numérisé et mis en musique par Karol Beffa, selon sa partition originale. Les travaux de numérisation ont été confiés aux laboratoires Vectracom et la synchronisation aux laboratoires l'Immagine Ritrovata.

Informations techniques sur les copies

Année du tirageProcédé imageVersionMétrageCadenceMinutageFormat
2009Procédé Desmet Français2145 m18 i/s104 min35
2013Noir et Blanc + CouleurFrançais2145 m18 i/s104 minDCP

Projections notables (avec accompagnement musical)

Date de projectionLieuAccompagnement musicalCommentaire
2010-11-19Cinémathèque française

Projections notables (avec accompagnement musical)

Date de projectionLieuAccompagnement musicalCommentaire
2014-05-07Cinémathèque française

Craindrais-tu de montrer les dentsᅠ? D'oser rire sans réticence, de réagir jusqu'aux larmes?A quoi bonᅠ? Ton calme aussi te trahiraᅠ: le sourire est le propre des femmes.

Claude Cahun, Aveux non avenus.

Mélodrame plutôt classique, Le Double Amour est le troisième film de Jean Epstein pour la firme Albatros, réalisé entre février et avril 1925. Comme pour le deuxième opus L'Affiche, le scénario est signé Marie Epstein et donne les pleins pouvoirs d'expression à l'actrice Nathalia Lissenko, star du studio russe de Montreuil. Elle interprète la Comtesse Maresco, à la fois mère et femme éplorée, grande silhouette tragique aristocratique autour de laquelle gravitent Camille Bardou, Pierre Batcheff et Jean Angelo, tous au diapason de ses effondrements et lamentations.

Le Double Amour est un film sur l'univers des faux-semblants, de la flambe, du jeu, du baccarat, de l'élégance. Les costumes et tenues sont fournis par la maison Drecoll et le grand couturier Paul Poiret.

La photographie est particulièrement soignée et la lumière des scènes extérieures (tournées à Cannes pour la plupart) comme les effets de montage peuvent annoncer les prochaines œuvres poétiques du cinéaste, tel ce plan récurrent de vagues s'écrasant contre la falaise qui structure la narration. Le Double amour permet aussi à Epstein de rencontrer deux collaborateurs fidèles, soit le décorateur Pierre Kéfer et l'acteur Nino Costantini.

Les décors remarquables inventés par Pierre Kéfer et réalisés par Lazare Meerson permettent d'audacieuses prises de vue, avec une profondeur de champ particulièrement grande.

Sorti en novembre 1925, le film rencontre un succès critique et la presse évoque une «ᅠvision personnelleᅠ» et  reconnaît une «ᅠtechnique accomplieᅠ» au cinéaste. Et Langlois d'affirmer, «ᅠil suffit de projeter une bobine de Cœur  Fidèle et une bobine de Double Amour pour se rendre compte des progrès d'Epstein. Malgré sa profession de foi, il avait su s'assimiler l'élément humain, se débarrasser de cette espèce de cassure causée par la disproportion de la vigueur et de la maîtrise de sa technique et la pauvreté de sa direction d'acteurs. (…) Le Double Amour n'est donc pas une œuvre indifférente et elle fut nécessaire à Epstein.ᅠ»

Emilie Cauquy

Extrait de l'entretien réalisé par Henri Langlois lors de la commission de recherche historique du 18/03/1950 consacrée à Jean Epstein (conservé à la Cinémathèque sous la référence CHR-62 B3) :

"Henri Langlois : Et Double amour ?

Jean Epstein : C'est purement commercial.

Henri Langlois : Actuellement, avec le recul, Double amour semble le meilleur film que vous ayez fait chez Albatros.

Jean Epstein : Je ne peux pas juger. C'est peut-être un film dont je me suis dit : pendant que j'y suis, je vais faire un film vraiment commercial, histoire d'épater les types d'Armor. C'était la maison d'édition Albatros, que j'avais constamment dans le dos, dont O'Conneil, qui était à ce moment-là petit comptable. Il me disait : faites des films qui rapportent de l'argent. Et pour une fois, j'ai tiré quelque chose d'un vrai feuilleton, avec revolver, salle de baccarat, smoking, tout ce qu'on voudra. Et j'ai fait ça.

Henri Langlois : Vous aviez Batcheff?

Jean Epstein : Je ne l'ai pas remarqué.

Henri Langlois : Et vous aviez Meerson comme exécutant?

Jean Epstein : Meerson n'a rien à voir dans les décors de Scheffer. Scheffer faisait des décors à l'échelle, et il obligeait à construire à l'échelle. Et un jour Meerson a construit un autre décor. Il voulait faire à son idée. Il prétendait avoir perdu la maquette de Scheffer. J'arrive et je vois un autre décor. Je dis que je ne tourne pas. Kamenka arrive affolé, et je dis : Meerson a perdu la maquette du décor et moi j'ai perdu mon scénario.

Henri Langlois : Et les extérieurs ? Où les avez-vous tournés?

Jean Epstein : A Cannes. Lissenko qui était joueuse comme tout a perdu tout son fric à la roulette.

(...) Avec Double amour, ils ont cru, à Albatros, que j'étais devenu un gagneur d'argent. Ca leur a beaucoup plu, Double amour. C'est pourquoi ça m'étonne que ça vous plaise."

Autour d'Albatros

Autour du réalisateur