La Cinémathèque française Catalogue des restaurations et tirages
  • La 317ème section photo de tournage - Pierre Schoendoerffer - 1964 - Collections La Cinémathèque française © Studio Canal
  • La 317ème section photo de tournage - Pierre Schoendoerffer - 1964 - Collections La Cinémathèque française © Studio Canal
  • Pierre Schoendoerffer  - Photo de tournage La 317ème section -  1964 -  Collections La Cinémathèque française © Studio Canal
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La 317ème section

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Pierre Schoendoerffer / Fiction / France-Espagne / 1964

C’est donc l’histoire d’une section militaire dirigée par le jeune Lieutenant Torrens secondé par l’adjudant Willsdorf un ancien de la Wehrmacht. Le film raconte leur aventure, la traversée des lignes ennemies, les affrontements, les embuscades, les intempéries, l’eau, la boue et la dysenterie, la traversée des rizières et des rivières, les blessés et les morts. La beauté tient au cadrage, au sens inouï du plan rapproché, qui permet de voir le moindre feuillage, le moindre brin d’herbe comme si on y était, et de suivre le déplacement hasardeux et chaotique de cette section militaire, dans une jungle qui se referme sur elle comme un piège.

  • Titre original : La 317ème section
  • Autre titre : La Trois cent dix-septième section
  • Genre : Film de guerre
  • Année de production : 1964
  • Année de sortie d'origine : 1965
  • Date de sortie en France : 31 mars 1965
  • Format d'origine : 35
  • Métrage d'origine : 2606 m
Lieux de tournage :
  • (Extérieur) , Cambodge

Le film a été restauré en 2010 par StudioCanal et la Cinémathèque française avec le soutien du Fonds Culturel Franco-Américain - DGA MPAA SACEM WGAW. Une restauration supervisée par Pierre Schoendoerffer et Raoul Coutard.

A l’origine, nous conservions le négatif caméra et un positif de préservation tiré vers 1965.

Si le négatif avait souffert du tirage de nombreuses copies, le positif de préservation était le reflet d’un négatif encore intact. La restauration a consisté à numériser cet élément positif en 2K et confier l’étalonnage numérique au directeur de la photographie, Raoul Coutard.

Nous avons maintenant un nouvel élément de tirage et de préservation fidèle à l’image telle qu’elle était souhaitée à l’origine. Quant au son, nous sommes repartis de bandes magnétiques originales.

Leur restauration numérique, orientée par Pierre Schoendoerffer, a mené à l’obtention d’un nouveau négatif son. Les travaux ont été confiés au laboratoire d’origine L.T.C. pour l’image et à Cinéstéréo pour le son.

Camille Blot-Wellens

Informations techniques sur les copies

Année du tirageProcédé imageVersionMétrageCadenceMinutageFormat
2010Noir et blancFrançais2593 m24 i/s94 min35
2010Noir et blancFrançais-Anglais2593 m24 i/s94 minDCP
2010Noir et blancFrançais-Anglais2593 m24 i/s94 min35

Ce film de Pierre Schoendoerffer, sans aucun doute le plus beau film de guerre du cinéma français, est une fiction documentée. L’histoire qu’il raconte est vraie, vécue dans le moindre détail. Tout y sonne juste, fruit d’une observation et d’une expérience sur le terrain même par ceux qui ont fait ce film : Pierre Schoendoerffer aidé de Raoul Coutard, son directeur de la photographie.

Tous deux s’étaient connus pendant la guerre d’Indochine, l’un était correspondant de guerre, l’autre photographe aux armées. Ce film magnifique en noir et blanc, plus le gris des uniformes trempés et des feuillages touffus du Cambodge (là où il fût tourné), pudique et rigoureux, porte les traces de leur expérience militaire durant les affrontements de Mai 1954, c’est-à-dire les derniers jours de la chute de Diên Biên Phu, décisive défaite militaire française.

Pierre Schoendoerffer pratique un cinéma vérité. Moins pour plaire, que pour laisser une trace dans la mémoire des événements. Il s’agit de coller aux hommes, de vivre à leur côté, de ne voir que ce qu’ils voient, de ne pas voir ce qu’ils ne peuvent percevoir. Le film est enfermé dans leur monde, il les accompagne, sans jamais les précéder, fait bivouac avec eux. Il n’y a que la belle musique de Pierre Jansen, moderne et liturgique, qui s’élève au-dessus de ces hommes et qui annonce leur funeste destin.

Tourné en 1964, La 317ème Section tient à la fois du cinéma de Jean Rouch et de la Nouvelle Vague qui déferla quelques années auparavant. Georges de Beauregard, qui produisit ce film, avait déjà produit Lola de Jacques Demy, À bout de souffle de Godard, Le Doulos de Melville, Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda et quelques films de Chabrol. D’où un air de famille.

L’économie de moyens est ici de mise, elle confère au film sa rigueur esthétique aussi bien que morale. « Alpha Kilo… », « Tango Tango… il nous faudrait un parachutage… le plus vite possible… » « Alpha Kilo, affirmatif ». Les codes militaires, la hiérarchie entre les hommes, le langage et la gestuelle sont reconstitués dans le mouvement même du film.

Le danger, la précarité, le sentiment de la défaite, tout est dit et montré avec une précision inouïe. Surtout, Pierre Schoendoerffer filme cette guerre avec une sorte de code de l’honneur, qui fait dire par exemple à Bruno Cremer, lorsqu’il recueille Torrens blessé : « Qu’est-ce que ça veut dire dégueulasse ? C’est la guerre! Ils savent la faire, les fumiers! Chapeau! » Ce mot «dégueulasse », n’était-il pas le dernier que prononçait Michel Poiccard, abattu rue Campagne-Première, dans un film célèbre produit par Georges de Beauregard ? Oui, la guerre est dégueulasse. Mais les hommes ici la regardent en face.

La Cinémathèque française et Studio Canal, avec l’aide du Fonds Culturel Franco-Américain, sont heureux d’avoir restauré ce film qui obtint en 1965 le prix du Scénario au Festival de Cannes.

Quarante-cinq ans plus tard, il est à nouveau visible dans toute sa splendeur.

Serge Toubiana

Autour du film

  • Présentation de la restauration - dossier complet réalisé par la Cinémathèque française

    http://www.cinematheque.fr/fr/musee-collections/collections/actualite-collections.html

  • Delphine Robic-Diaz, La guerre d'Indochine dans le cinéma français (1945-2006) : image(s) d'un trou de mémoire, thèse sous la direction de Francis Ramirez [puis de] Sylvie Lindeperg, Université La Sorbonne Nouvelle, 2007.

  • Analyse de la revue de presse par Delphine Robic-Diaz

    http://www.cinematheque.fr/fr/musee-collections/actualite-collections/actualite-patrimoniale/la317e-section.html

Autour du réalisateur