C’est donc l’histoire d’une section militaire dirigée par le jeune Lieutenant Torrens secondé par l’adjudant Willsdorf un ancien de la Wehrmacht. Le film raconte leur aventure, la traversée des lignes ennemies, les affrontements, les embuscades, les intempéries, l’eau, la boue et la dysenterie, la traversée des rizières et des rivières, les blessés et les morts. La beauté tient au cadrage, au sens inouï du plan rapproché, qui permet de voir le moindre feuillage, le moindre brin d’herbe comme si on y était, et de suivre le déplacement hasardeux et chaotique de cette section militaire, dans une jungle qui se referme sur elle comme un piège.
- Titre original : La 317ème section
- Autre titre : La Trois cent dix-septième section
- Genre : Film de guerre
- Année de production : 1964
- Année de sortie d'origine : 1965
- Date de sortie en France : 31 mars 1965
- Format d'origine : 35
- Métrage d'origine : 2606 m
- Réalisateur : Pierre Schoendoerffer
- Assistants réalisateurs : Philippe Fourastié, Georges Pellegrin
- Scénariste : Pierre Schoendoerffer
- Auteur de l'oeuvre originale : Pierre Schoendoerffer
- Dialoguiste : Pierre Schoendoerffer
- Sociétés de production : Rome-Paris Films, Producciónes Benito Perojo
- Producteurs : Georges de Beauregard, Benito Perojo
- Directeur de production : René Demoulin
- Distributeur d'origine : The Rank Organisation
- Directeur de la photographie : Raoul Coutard
- Cadreur : Georges Liron
- Ingénieur du son : Te Hak Kheng
- Mixeur : Jean Nény
- Compositeurs de la musique originale : Pierre Jansen, Gregorio García Segura
- Monteur : Armand Psenny
- Régisseur : Roger Scipion
- Conseiller technique : Boramy Tioulong
- Interprètes : Jacques Perrin (le sous-lieutenant Torrens), Bruno Cremer (l'adjudant Willsdorf), Pierre Fabre (le sergent Roudier), Manuel Zarzo (le caporal Perrin), Boramy Tioulong (le sergent Ba Kut), Saksi Sbong
- (Extérieur) , Cambodge
Le film a été restauré en 2010 par StudioCanal et la Cinémathèque française avec le soutien du Fonds Culturel Franco-Américain - DGA MPAA SACEM WGAW. Une restauration supervisée par Pierre Schoendoerffer et Raoul Coutard.
A l’origine, nous conservions le négatif caméra et un positif de préservation tiré vers 1965.
Si le négatif avait souffert du tirage de nombreuses copies, le positif de préservation était le reflet d’un négatif encore intact. La restauration a consisté à numériser cet élément positif en 2K et confier l’étalonnage numérique au directeur de la photographie, Raoul Coutard.
Nous avons maintenant un nouvel élément de tirage et de préservation fidèle à l’image telle qu’elle était souhaitée à l’origine. Quant au son, nous sommes repartis de bandes magnétiques originales.
Leur restauration numérique, orientée par Pierre Schoendoerffer, a mené à l’obtention d’un nouveau négatif son. Les travaux ont été confiés au laboratoire d’origine L.T.C. pour l’image et à Cinéstéréo pour le son.
Camille Blot-Wellens
Informations techniques sur les copies
Année du tirage | Procédé image | Version | Métrage | Cadence | Minutage | Format |
---|---|---|---|---|---|---|
2010 | Noir et blanc | Français | 2593 m | 24 i/s | 94 min | 35 |
2010 | Noir et blanc | Français-Anglais | 2593 m | 24 i/s | 94 min | DCP |
2010 | Noir et blanc | Français-Anglais | 2593 m | 24 i/s | 94 min | 35 |
Ce film de Pierre Schoendoerffer, sans aucun doute le plus beau film de guerre du cinéma français, est une fiction documentée. L’histoire qu’il raconte est vraie, vécue dans le moindre détail. Tout y sonne juste, fruit d’une observation et d’une expérience sur le terrain même par ceux qui ont fait ce film : Pierre Schoendoerffer aidé de Raoul Coutard, son directeur de la photographie.
Tous deux s’étaient connus pendant la guerre d’Indochine, l’un était correspondant de guerre, l’autre photographe aux armées. Ce film magnifique en noir et blanc, plus le gris des uniformes trempés et des feuillages touffus du Cambodge (là où il fût tourné), pudique et rigoureux, porte les traces de leur expérience militaire durant les affrontements de Mai 1954, c’est-à-dire les derniers jours de la chute de Diên Biên Phu, décisive défaite militaire française.
Pierre Schoendoerffer pratique un cinéma vérité. Moins pour plaire, que pour laisser une trace dans la mémoire des événements. Il s’agit de coller aux hommes, de vivre à leur côté, de ne voir que ce qu’ils voient, de ne pas voir ce qu’ils ne peuvent percevoir. Le film est enfermé dans leur monde, il les accompagne, sans jamais les précéder, fait bivouac avec eux. Il n’y a que la belle musique de Pierre Jansen, moderne et liturgique, qui s’élève au-dessus de ces hommes et qui annonce leur funeste destin.
Tourné en 1964, La 317ème Section tient à la fois du cinéma de Jean Rouch et de la Nouvelle Vague qui déferla quelques années auparavant. Georges de Beauregard, qui produisit ce film, avait déjà produit Lola de Jacques Demy, À bout de souffle de Godard, Le Doulos de Melville, Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda et quelques films de Chabrol. D’où un air de famille.
L’économie de moyens est ici de mise, elle confère au film sa rigueur esthétique aussi bien que morale. « Alpha Kilo… », « Tango Tango… il nous faudrait un parachutage… le plus vite possible… » « Alpha Kilo, affirmatif ». Les codes militaires, la hiérarchie entre les hommes, le langage et la gestuelle sont reconstitués dans le mouvement même du film.
Le danger, la précarité, le sentiment de la défaite, tout est dit et montré avec une précision inouïe. Surtout, Pierre Schoendoerffer filme cette guerre avec une sorte de code de l’honneur, qui fait dire par exemple à Bruno Cremer, lorsqu’il recueille Torrens blessé : « Qu’est-ce que ça veut dire dégueulasse ? C’est la guerre! Ils savent la faire, les fumiers! Chapeau! » Ce mot «dégueulasse », n’était-il pas le dernier que prononçait Michel Poiccard, abattu rue Campagne-Première, dans un film célèbre produit par Georges de Beauregard ? Oui, la guerre est dégueulasse. Mais les hommes ici la regardent en face.
La Cinémathèque française et Studio Canal, avec l’aide du Fonds Culturel Franco-Américain, sont heureux d’avoir restauré ce film qui obtint en 1965 le prix du Scénario au Festival de Cannes.
Quarante-cinq ans plus tard, il est à nouveau visible dans toute sa splendeur.
Serge Toubiana
Autour du film
Présentation de la restauration - dossier complet réalisé par la Cinémathèque française
http://www.cinematheque.fr/fr/musee-collections/collections/actualite-collections.html
Delphine Robic-Diaz, La guerre d'Indochine dans le cinéma français (1945-2006) : image(s) d'un trou de mémoire, thèse sous la direction de Francis Ramirez [puis de] Sylvie Lindeperg, Université La Sorbonne Nouvelle, 2007.
Analyse de la revue de presse par Delphine Robic-Diaz
http://www.cinematheque.fr/fr/musee-collections/actualite-collections/actualite-patrimoniale/la317e-section.html
Autour du réalisateur
Hommage à Pierre Schoendoerffer par Serge Toubiana
Vidéo en ligne, 21 novembre 2007 : discours de Pierre Schoendoerffer pour l’ouverture de sa rétrospective à la Cinémathèque française
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/rencontres-conferences/espace-videos.html
Vidéo en ligne, 21 novembre 2007 : dialogue avec Pierre Schoendoerffer après la projection de la 317ème Section
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/rencontres-conferences/espace-videos.html
- 317ème section (La)
- Akvareli
- Amours de minuit (Les)
- Angoissante aventure (L')
- Aprili
- Aventures de Robert Macaire (Les)
- Avoir vingt ans dans les Aurès
- Balançoires
- Ballet mécanique
- Bandes chronophotographiques
- Bessie à Broadway
- Bohème (La)
- Brasier ardent (Le)
- Cagliostro
- Carmen
- Casanova
- Ce cochon de Morin
- Chant de l'amour triomphant (Le)
- Chasseur de chez Maxim's (Le)
- Chevalier de Maison-Rouge (Le)
- Chute de la maison Usher (La)
- Cinq minutes de cinéma pur
- Cold Deck (The)
- Commune (La)
- Dame masquée (La)
- Desert Man (The)
- Despoiler (The)
- Deux mémoires (Les)
- Deux timides (Les)
- Double amour (Le)
- Essais cinématographiques
- Essais d'Ève Francis
- Eternel amour
- Femme de nulle part (La)
- Feu Mathias Pascal
- Fièvre
- Fête espagnole (La)
- Germinal
- Glace à trois faces (La)
- Glu (La)
- Good Bad Man (The)
- Gribiche
- Half-Breed (The)
- Harmonies de Paris
- Hirondelle et la mésange (L')
- India
- Inondation (L')
- Jeux arborescents
- Jeux d'ombres
- Lion des Mogols (Le)
- Lola Montès
- Lumière d'été
- Lumière et ombre
- Maison du mystère (La)
- Manon Lescaut
- Marie Stuart
- Michel Strogoff
- Misérables (Les)
- Mor' vran
- Mort du duc d'Enghien (La)
- Ménilmontant
- Narrow Trail (The)
- Nous, les gitans
- Nouveaux messieurs (Les)
- Nuit du 11 septembre (La)
- Oh, Mabel Behave
- Paris en cinq jours
- Paris qui dort
- Peau d'âne
- Phono-cinéma-théâtre
- Pied qui étreint (Le)
- Pierrot le fou
- Pour vos beaux yeux
- Proie du vent (La)
- Prétexte
- Quai des Brumes (Le)
- Quatre-vingt treize
- Quinzième prélude de Chopin (Le)
- Rachmaninoff's prelude
- Riposte (La)
- Sa tête
- Sapovnela
- Sauvage (Le)
- Soleil et ombre
- Souris d'hôtel
- Sur un air de Charleston
- Toudji
- Tour (La)
- Travail
- Un jour, le Nil
- Vacances de Monsieur Hulot (Les)