La Cinémathèque française Catalogue des restaurations et tirages

Manon Lescaut

Albert Capellani / Fiction / France / 1912

Première adaptation cinématographique du roman « scandaleux » de l’Abbé Prévost, Manon Lescaut narre les amours contrariées de Manon Lescaut, une fille que ses parents envoient au couvent, et du Chevalier Des Grieux, un étudiant en philosophie brouillé avec son père. Cependant, vite trahi par Manon, Des Grieux envisage à son tour de devenir abbé. Mais toujours amoureux de Manon, il la retrouve et retombe dans ses bras. Ils vivent à Paris, avec à leur crochet le frère de Manon, perdent leurs économies et Manon se tourne vers la prostitution pour vivre, en se faisant entretenir par un homme âgé. Des Grieux se présente à lui comme étant le frère de Manon. Pour avoir essayé de le duper, ils sont emprisonnés. Ils s’évadent, s’enfuient en Amérique et sont recueillis à La Nouvelle-Orléans par le fils du gouverneur qui tombe amoureux de Manon. Des Grieux blesse son adversaire mais, le croyant mort, s’enfuit avec Manon dans le désert où celle-ci meurt d’épuisement.

  • Titre original : Manon Lescaut
  • Genre : Drame
  • Année de production : 1912
  • Année de sortie d'origine : 1912
  • Date de sortie en France : 20 septembre 1912
  • Format d'origine : 35
  • Métrage d'origine : 890 m

Cet élément positif a été tiré d'après l'original nitrate conservé à la Cinémathèque française.

Malheureusement, le scénario d’époque n’a pas permis la restauration du film.

Informations techniques sur les copies

Année du tirageProcédé imageVersionMétrageCadenceMinutageFormat
1999Noir et blanc755 m18 i/s36 min35

Projections notables (avec accompagnement musical)

Date de projectionLieuAccompagnement musicalCommentaire
2011-07-02Il cinema ritrovatoRétrospective Albert Capellani- édition 2011- Cinémathèque de Bologne

Les premiers plans de Manon Lescaut démontrent une certaine aisance dans le découpage comme dans le jeu des acteurs : il y a là un effet de troupe à l’œuvre, on y voit une équipe (techniciens, acteurs) accoutumés à tourner ensemble ce genre de scènes : les angles peuvent surprendre - plans presque rapprochés avec une caméra décentrée pour donner plus de vitesse aux angles, mais sans non plus se révéler trop inventifs, et Capellani fait une belle utilisation de la lumière solaire et du vent dans les branchages.

On s’étonne presque de l’usage de la toile peinte plutôt que du décor, mais 1912 est une année de transition, où flottent encore à l’image quelques archaïsmes. En dépit de cela, le scénario est joué avec un empressement sans nuance qui empêche les scènes de respirer, et le drame est pour ainsi dire traité avec la légèreté d’un vaudeville.

Une scène de rêve amoureux, où apparaît en surimpression une autre séquence (le fash-back de la première rencontre du chevalier Des Grieux avec Manon), fait encore office de moment audacieux de cette première partie.

Les plans avec beaucoup de figurants sont encombrés, et le rythme épique du roman à rebondissement est ici ramené à une simple trépidation amoureuse (le voyage en Amérique n’existe pratiquement pas, et la Nouvelle-Orléans se résume à une cahute de paille), où rien d’autre ne rentre en compte que les séquences de séparations et de retrouvailles. Très vite, la quasi totalité du film n’est plus filmée qu’en plan d’ensemble, en intérieur, en toile peinte, suivant des codes que Capellani bousculait pourtant déjà six ans plus tôt. La valeur du film, c’est sa dernière séquence, toute en extérieur, dans une lumière d’arrière-pays (niçois ?) où quelque chose de griffithien se fait entendre.

Philippe Azoury

Autour du réalisateur

  • David Bordwell's website on cinema

    Capellani trionfante

    http://www.davidbordwell.net/blog/2011/07/14/capellani-trionfante/

  • Christine Leteux, Albert Capellani, cinéaste du romanesque, Editions La tour verte, Grandvilliers, 2013.

  • Alain Carou, Le cinéma français et les écrivains - histoire d'une rencontre 1906-1914, Ecole Nationale des Chartes/ AFHRC, 2002.