La Cinémathèque française Catalogue des restaurations et tirages
  • Le Brasier ardent - Ivan Mosjoukine -1923- Collections La Cinémathèque française
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Le Brasier ardent

Ivan Mosjoukine / Fiction / France / 1923

En rêve, une jeune femme voit un inconnu la jeter dans un brasier. Son mari engage un détective pour retrouver l'origine de ce cauchemar.

  • Titre original : Le Brasier ardent
  • Genre : Drame psychologique
  • Année de production : 1923
  • Année de sortie d'origine : 1923
  • Date de sortie en France : 2 novembre 1923
  • Format d'origine : 35
  • Métrage d'origine : 2160 m
Lieux de tournage :
  • (Extérieur) Paris, France
  • (Extérieur) Marseille, France
  • (Studio) studio Montreuil, France

Copie acquise en 2010 auprès de la Cinémathèque Royale de Belgique, film restauré en couleurs par la Cinémathèque Royale de Belgique à partir du négatif original de la Cinémathèque française.

Informations techniques sur les copies

Année du tirageProcédé imageVersionMétrageCadenceMinutageFormat
2010Procédé Desmet Français2196 m18 i/s106 min35

Projections notables (avec accompagnement musical)

Date de projectionLieuAccompagnement musicalCommentaire
2011-11-17Cinémathèque Française
2011-02-25Cinema le Mélies - Montreuil

Un jour, au cinéma du Colisée, je vis Le Brasier ardent mis en scène par Mosjoukine, et produit par le courageux Alexandre Kamenka, des films Albatros. La salle hurlait et sifflait, choquée de ce spectacle si différent de sa pâture habituelle. J’étais ravi. Enfin, j’avais devant les yeux un bon film en France. Bien sûr, il était fait par des Russes, mais à Montreuil, dans une ambiance française, sous notre climat; le film sortait dans une bonne salle, sans succès, mais il sortait. Je décidai d’abandonner mon métier qui était la céramique, et d’essayer de faire du cinéma.

Jean Renoir [1]

Notes de travail pour Le Brasier ardent

(Notes préparatoires, conservées dans le Fonds Albatros à la Cinémathèque française, rédigées sur un tapuscrit déchiré et brûlé par endroits, les lignes manquantes sont indiquées par [...]. Respect de la syntaxe, le lexique et la ponctuation originales. )

Ce ciné-drame, cette étude de la vie de Paris, n’a aucune prétention d’avoir une signification philosophique ou morale et l’auteur ne croit point d’avoir créé une œuvre frappante par l’originalité ou l’imprévu. On y traite un vieux thème qui reste, pourtant, éternellement jeune: c’est l’Homme et la Femme (textuellement : le principe masculin et le principe féminin) ; - c’est l’amour. Ce sont «ELLE» et «Lui», surpris par l’objectif de l’appareil au moment de leur rencontre imprévue. Un pressentiment s’empare d’eux contre leur gré pour céder, enfin, la place à une attraction mutuelle ; l’Appareil fixe ensuite leur lutte que provoque l’illégitimité de leur sentiment, peut-être même l’animosité et la haine momentanée. Jusqu’à ce qu’enfin, le caractère de l’un, cherchant les traits communs qui les unissent, et, tantôt se soumettant, tantôt s’accommodant de l’autre, se confonde avec lui, jusqu’à ce qu’une main ne vienne serrer l’autre et que celle qui triomphe toujours, et, dont le Nom est l’Amour ne soit victorieuse.

C’est avec intention qu’on a choisi ce thème, toujours cher, toujours proche au spectateur. Chacun des constructeurs de ce drame, du premier au dernier, devrait, avec amour et sincérité, verser ce boisson d’amour d’une vieille outre dans une nouvelle. Une nouvelle outre... La 1re condition de réalisation de cette étude est la simplicité, la sincérité et la netteté. [...] : - l’amour d’«ELLE» et de «Lui».

[...]

Il faut que tous ces éléments «connus et vus chez soi-même» soient vécus par les constructeurs du drame et se manifestent d’une façon imprévue... Sans doute les personnages du drame auront un certain état social (auquel on ne fera peut-être aucune allusion) mais il n’est nullement nécessaire qu’ils soient des héros de salon, ou des traditionnels ouvriers du banlieu [sic], ou, encore, des paysans de [...]. Tous ces détails n’ont aucune importance pour l’étude en question. Il y a ici 3 [sic] personnages indispensables : 1) du metteur en scène, 2) des acteurs, 3) du peintre et 4) de l’opérateur.

Le peintre, sous aucun rapport, ne peut être qu’un vulgaire exécuteur des dessins d’autrui; la pièce exigera de lui l’initiative et une imagination hardie.

Voici ce que nous avons conçu et que nous voudrions voir réaliser : là, où se développe l’action fantastique, la «mystique» du drame, où passent les images de la vie irréelle, affectée même (prologue), là on exige des exécuteurs l’entrain, la hardiesse, allant jusqu’à la témérité même, la bonne et vraie tragédie, la renonciation complète - autant que la technique le permet naturellement - des anciens procédés du jeu cinématographique.

[…]

Partout où se manifestent les sentiments et la vie intime des héros - que ça soit dans le bonheur, la jalousie ou le malheur - partout où l’idée principale apparaît en premier lieu, on exigera des exécuteurs de la simplicité, de la pénétration et de la vérité - la vérité intérieure, aussi bien que la vérité de la vie quotidienne et banale.

L’auteur aurait voulu construire ce drame sur les contrastes faire alterner les moments forts avec le comique de la vie ; - vers son milieu, le drame atteindrait (sans parler du prologue) le maximum de la tension, frappant les nerfs du spectateur, puis, se développant logiquement aboutirait à une fin calme au bonheur - Pas ce bonheur petit-bourgeois, «voulu» mais par le bonheur mérité et touchant.

Aussi la scène finale ne devrait-elle pas se terminer par un point, mais finir comme en musique: on écoute... voici le dernier accord... quelques divisions lui manquent : on attend toujours la dernière, la finale... mais l’artiste ferme doucement le couvercle du piano.

[...]

POUR LE METTEUR EN SCÈNE : - du n° 1 au n° 102

Les images se succèdent avec une rapidité exceptionnelle, ne fixant que le trait principal, indispensable; les images apparaissent, se coupent, passent l’une dans l’autre, deviennent floues par la «non mise au point », ressortent renforcées pal l’éclair. Mais surtout, elles sont rapides et courtes...

POUR L’OPÉRATEUR: - du n° 1 au n° 102

En tenant compte du caractère de chaque scène, de son contenu, des remarques dans le scénario, c’est par la lumière surtout qu’on devrait rendre le sentiment exigé. Il ne faut p a avoir peur d’ombrer une partie de figure aux dépens de l’autre ; la diversité de l’éclairage, la hardiesse des contrastes le risque même ne sont nullement prohibés, au contraire, ils sont instamment recommandés.

Ivan Mosjoukine

[1] «Mes années d’apprentissage», in Ecrits (1926-1971), Paris, Belfond, 1974.

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