Deux jeunes artistes fauchés de «ᅠla bohèmeᅠ» recueillent une fille qui n’est plus en mesure de payer sa chambre. L’un des deux garçons tombe amoureux de la fille, ils vivent ensemble sous le signe – qu’ils espèrent éternel - d’un rosier. L’entrain et les rires des débuts laissent place à des moments plus difficiles, la plante meurt d’asphyxie et un soir la fille quitte le garçon pour un homme riche. Le temps passe, la fille revientᅠ: elle est malade, atteinte de phtisie et abandonnée. L’éternel amoureux la recueille, et elle meurt dans ce qui fut leur mansarde.
- Titre original : La Bohème
- Genre : Drame
- Année de production : 1912
- Année de sortie d'origine : 1912
- Date de sortie en France : 15 mars 1912
- Format d'origine : 35
- Métrage d'origine : 770 m
- Réalisateur : Albert Capellani
- Scénariste : Albert Capellani
- Auteur de l'oeuvre originale : Henry Murger
- Société de production : S.C.A.G.L. - Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres
- Distributeur d'origine : Pathé Frères
- Cadreur : Pierre Trimbach
- Interprètes : Paul Capellani (Rodolphe), Suzanne Révonne (Mimi), Charles Dechamps (Marcel), Paul Gerbault (Colline), Juliette Clarens (Musette), Léon Bélières (Schaunard), Cécile Barré
La Cinémathèque française conserve le négatif original dont est issu cet élément positif, copie de travail sans intertitres.
Malheureusement, le scénario d’époque n’a pas permis la restauration complète du film envisagée en 2011.
Informations techniques sur les copies
Année du tirage | Procédé image | Version | Métrage | Cadence | Minutage | Format |
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2001 | Noir et blanc | Français | 680 m | 18 i/s | 33 min | 35 |
Projections notables (avec accompagnement musical)
Date de projection | Lieu | Accompagnement musical | Commentaire |
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2011-06-26 | Il Cinema Ritrovato - Bologne | Rétrospective Albert Capellani - édition 2011 - Cinémathèque de Bologne |
Le style de ce film aurait pu être documentaire : La Bohème est encore vivace et d’une certaine façon, son esprit est un peu celui du cinéma : artiste, jeune, impénitent, léger. Pourtant, Albert Capellani traite le début du film davantage comme une série burlesque. Rappelons qu’il supervisait, en parallèle aux Séries d’art qui firent sa réputation, les épisodes de Rigadin et de Boireau, deux séries burlesques produites par la SCAGL dans le but d’amortir les frais des films artistiques. Capellani parie donc sur la fantaisie des corps : dans le premier plan, le jeune artiste peint sous un parapluie car il pleut dans la mansarde, plus tard il donne un coup de pied dans le seau d’eau de son logeur, dans la grande tradition burlesque. La représentation de l’artiste bohème - tour à tour monte-en-l’air ridicule, dragueur maladroit coiffé d’un chapeau pas possible, hurluberlu prêt à toutes les extravagances possibles que lui accorde son statut de jeune peintre - est destinée à amuser, mais aussi à séduire par sa seule fantaisie. Et cette fantaisie, menée sur plusieurs tableaux, finit par fonctionner, comme s’il s’agissait d’un Jules et Jim primitif.
Les amours libres se jouent des conventions (on danse avec frénésie, on aime sans remords), ou encore jouent avec (on joue à ne pas s’embrasser, à dormir dans des lits séparés) : l’amour finit par s’installer au fur et à mesure que Capellani restitue sa peinture de la vie de Bohème, filmée dans ses lieux, comme une sorte de fiesta quotidienne. On croit reconnaître le Chalet du Lac à St Mandé qui, depuis son ouverture en 1904, était la grande guinguette en vogue dans la jeunesse bohème. Capellani filme cette jeunesse très sobrement. Il laisse la gesticulation faire son travail, sans chercher à diriger ou à apposer une morale sur ce qui n’est qu’énergie. L’arrivée du nouvel amant, riche, de la jeune fille n’est pas montrée comme une menace ou un drame : c’est un épisode de plus dans cette grande danse attachée à peu de choses qu’est leur vie. Et c’est la grande intelligence du film que d’évacuer tout remords, ou encore toute morale. C’est ainsi que, lentement, il se range du côté de cette jeunesse – un art jeune au service de la jeunesse. Le rosier qu’ils se sont offert et autour duquel ils ont «totémisé» leur amour se meurt ? C’est, à l’image, à peine un symbole graphique, un indicateur météo d’une chute d’énergie amoureuse. Le mélodrame social, genre pourtant favori de la maison SCAGL, ne passe pas par là, car il est l’exact contraire de la philosophie bohème – Capellani ne tombe pas dans ce travers. Venu du music hall (il dirigeait l’Alhambra avant de venir chez Pathé), il connaît cette scène et il sait aussi ce que risque le cinéma, art jeune, avec les films d’art : s’ils ne pactisent pas avec une partie du public, c’est tout le cinéma qui risque de prendre la poussière. La phtisie, soudain, vient clore quand même le chapitre de la jeunesse, et donner au film une teinte dramatique sans pour autant condamner (moralement) l’énergie qui en était la marque. En cela, La Bohème est un film bien plus important qu’on ne pourrait le croire.
Philippe Azoury
Autour du réalisateur
David Bordwell's website on cinema
Capellani trionfante
http://www.davidbordwell.net/blog/2011/07/14/capellani-trionfante/
Christine Leteux, Albert Capellani, cinéaste du romanesque, Editions La tour verte, Grandvilliers, 2013.
Autour du film
Catalogue Il Cinema Ritrovato 2011
p.121.
Film visible sur le site Gaumont-Pathé Archives
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