Rita est une « souris d’hôtel », une cambrioleuse. Avec la complicité de son père, escroc expérimenté, elle séduit un jeune héritier, Jean Frémeaux qui, après l’avoir rapidement démasquée, cherche à la sortir de son milieu. Mais, par amour, elle l’implique malgré lui dans une arnaque au casino pour le faire gagner. Il renonce alors à la rendre honnête, et la quitte le cœur brisé. Ils se retrouvent un an plus tard ; Rita a abandonné sa carrière de souris d’hôtel pour devenir danseuse. Dans une ultime épreuve, elle teste avec succès l’amour intact de Jean. Ils pourront désormais continuer leur vie ensemble.
- Titre original : Souris d'hôtel
- Année de production : 1927
- Année de sortie d'origine : 1929
- Date de sortie en France : 9 août 1929
- Format d'origine : 35
- Métrage d'origine : 2500 m
- Visa d'exploitation : 89852
- Réalisateur : Adelqui Millar
- Assistant réalisateur : Jean Rossi
- Scénariste : Adelqui Millar
- Auteurs de l'oeuvre originale : Paul Armont, Marcel Gerbidon
- Société de production : Films Albatros
- Distributeur d'origine : Films Armor
- Directeurs de la photographie : Nicolas Frenguelli, Nicolas Roudakoff
- Directeur artistique : Alexandre Kamenka
- Décorateur : Lazare Meerson
- Interprètes : Ica von Lenkeffy (Rita, la souris de l'hôtel), Suzanne Delmas (Suzanne), Arthur Pusey (Jean Frémeaux), Elmire Vautier (la comtesse de Charillon), Yvonneck (César), Louis Pré fils (Norbert Clavel), Louis Alberti (le policier des jeux), Isaure Douvan (Gérôme, le maître d'hôtel)
- (Studio) Studio Epinay, France
L'élément de départ, conservé dans les collections de la Cinémathèque française, est le négatif original sur support nitrate. Le film avait déjà fait l'objet d'une sauvegarde par la Cinémathèque en 1990, mais le tirage avait été fait «ᅠà secᅠ», c'est-à-dire que tous les défauts du négatif original (rayures, poussières, bactéries...) avaient été reproduits. Il a donc été décidé de procéder en 2012 à un nouveau tirage «ᅠpar immersionᅠ», et le résultat obtenu est de bien meilleure qualité.
Par ailleurs, la majorité du film est en noir et blanc, mais quelques plans portaient l'indication «ᅠTeintage bleuᅠ», ce qui, selon le code couleur des films muets, signifie que l'action se déroule en extérieur nuit. Le procédé Desmet (du nom de son inventeur), par un système de filtres de couleurs au moment du tirage de la copie, a permis de réintroduire cette teinte bleue dans les plans concernés. Le film est malheureusement incompletᅠ: il a toujours manqué la première bobine du négatif. Mais la Cinémathèque française possédant, dans le fonds Albatros, le scénario original et le relevé des intertitres, un résumé du début a pu être établi, et le film rendu enfin présentable. En ce qui concerne les intertitres, nous disposons du négatif titres original nitrate, avec les textes à longueur définitive. Cette bobine porte la mention «ᅠNouvelle versionᅠ».
Par ailleurs, comme cela se faisait couramment, dans le négatif original, les emplacements des intertitres sont marqués par des «ᅠflash-titresᅠ», c'est-à-dire des intertitres très courts (un à deux photogrammes seulement). Nous avons constaté que certains de ces flash-titres avaient été grattés à la pointe sèche pour écrire par-dessus les premiers mots d'un texte différent, mais au sens identique. Nous avons donc comparé les textes des intertitres du fonds d'archives Albatros, identiques à ceux des flash-titres, et ceux du négatif titres original, qui eux correspondaient aux débuts des textes «ᅠgrattésᅠ» par-dessus les flash-titres. Cela a permis de déterminer que la bonne version des textes était bien celle du négatif titres.
La première version avait été rédigée par Raoul Ploquin, producteur et réalisateur, et également rédacteur d'intertitres de nombreux films muets. Mais cette version a été revue par Lucie Derain, critique et réalisatrice [1], dont la différence de style est notable. Par exemple, l'intertitreᅠ: «ᅠTout de même... le métier de Souris n'est guère reluisant. Vous devriez changer de vie.ᅠ» est remplacé parᅠ: «ᅠÉcoutez, mettez-vous plongeuse, receveuse de tramway, faites même du cinéma, mais changez de métierᅠ». Le ton de la deuxième version est également allégé par le tutoiement entre les deux personnages principaux, qui intervient rapidement dans leur relation, en lieu et place du vouvoiementᅠ: par exemple, «ᅠDommage... je n'avais pas cessé de vous aimerᅠ» devient «ᅠNigaud... moi qui t'aimais toujoursᅠ». En plus de la nouvelle copie de présentation, la Cinémathèque française possède désormais de nouveaux éléments de conservationᅠ: un interpositif reflet du négatif original, et un internégatif monté avec des intertitres.
Emmanuelle Berthault
[1] Notamment Harmonies de Paris pour Albatros en 1930, diffusé en double programme avec La Tour de René Clair
Informations techniques sur les copies
Année du tirage | Procédé image | Version | Métrage | Cadence | Minutage | Format |
---|---|---|---|---|---|---|
2012 | Procédé Desmet | Français | 1910 m | 20 i/s | 83 min | 35 |
Souris d'hôtel est adapté d'une pièce de théâtre éponyme de Paul Armont et Marcel Gerbidon de 1919 [1]. Puis, comme cela se faisait couramment à l'époque, un roman de 47 pages signé d'un certain Charles Morency a été tiré du film [2].
Adelqui Millarᅠ– de son vrai nom Migliar –ᅠest un réalisateur et comédien chilien. En Europe, il tourne aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, avant d'arriver en France pour Souris d'hôtel, sa seule collaboration avec Albatros. Il réalisera ensuite les versions espagnoles de productions internationales Paramount dans les années 1930. Ce n'est donc pas un réalisateur «ᅠmaisonᅠ». Justement, ce film est un tournant dans la production Albatros qui, en cette fin de décennie, souffre de la concurrence et doit élargir son audience avec des comédies plus légères. On est loin des premières productions des cinéastes russes émigrés qui caractérisaient la firme à sa fondation, dès 1919 (Victor Tourjansky, Serge Nadejdine, Alexandre Volkoff,...), ou plus tard des cinéastes avant-gardistes comme Marcel L'Herbier, René Clair ou Jean Epstein. Et, en effet, Souris d'hôtel est une vraie comédie romantique avant l'heure, annonçant les comédies américaines des années 1930 d'avant le code Hays, dans la légèreté du ton, dans certaines ambiguïtés du scénario (au début du film, le «ᅠmariᅠ» de Rita n'est autre que son propre père), ou dans des scènes gentiment coquines. Il faut voir Rita, vêtue d'un pyjama d'homme, mordre le doigt de Jean qui la tançait gentiment, avant de l'embrasser dans un long baiser, ou encore le reflet (par surimpression) dans les yeux (envieuxᅠ?) de la petite bonne regardant Rita se déshabiller et entrer nue dans son bain. Cependant, en même temps que son modernisme, l'héroïne, vêtue de son collant noir de souris d'hôtel, un peu transparent et très suggestif, n'est pas sans rappeler – dans un hommage non dissimulé à Louis Feuillade – Musidora dans Les Vampiresᅠ.
Emmanuelle Berthault
[1] Marcel Gerbidon et Paul Armont. Souris d'hôtel, comédie en quatre actes, Paris, Librairie théâtrale, 1927
[2] Souris d'hôtel, roman, par Morency, d'après le film Albatros, tiré de la comédie de MM. Marcel Gerbidon et Paul Armont, Paris : Éditions de "Mon ciné", 1928
Autour d'Albatros
François Albera, Albatros, des Russes à Paris 1919-1929, Mazzota- Cinémathèque française, 1995.
L'Aventure des films Albatros/ Le cinéma russe en exil
http://www.cinematheque.fr/expositions-virtuelles/albatros/index.htm
Autour du film
Brochure promotionnelle d'époque
- 317ème section (La)
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- Amours de minuit (Les)
- Angoissante aventure (L')
- Aprili
- Aventures de Robert Macaire (Les)
- Avoir vingt ans dans les Aurès
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- Bessie à Broadway
- Bohème (La)
- Brasier ardent (Le)
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- Carmen
- Casanova
- Ce cochon de Morin
- Chant de l'amour triomphant (Le)
- Chasseur de chez Maxim's (Le)
- Chevalier de Maison-Rouge (Le)
- Chute de la maison Usher (La)
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- Despoiler (The)
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- Essais d'Ève Francis
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