La Cinémathèque française Catalogue des restaurations et tirages
  • Répertoire Phono-Cinéma-Théâtre - 1900 - Collections  La Cinémathèque française
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Phono-cinéma-théâtre

Clément Maurice / Non-fiction / France / 1900

Répertoire du Phono-Cinéma-Théâtre

  • Air de Roméo et Juliette, Gounod, chanté par Cossira ténor de l’Opéra
  • Air d’Iphigénie en Tauride, Invocation à Diane, chanté par Mlle Jeanne Hatto de l’Opéra
  • Après la bataille, Mily-Meyer
  • Ballet de «ᅠTerpsichoreᅠ» (Un Mariage aux Flambeaux), dansé par Mlle Christine Kerf, M. Viscusi du Palais de la Danse
  • Ballet espagnol, avec Christine Kerf
  • Chanson en crinoline, chantée par Mlle Mily-Meyer
  • Cid, Le (La Habanera), musique de Massenet, dansé par Mlle Zambelli et M. Vasquez de l’Opéra
  • Cygne, Le, de Catulle Mendès, dansé par Mlle J. Chasles de l’Opéra-Comique
  • Cyrano de Bergerac, scène du duel, Edmond Rostand, avec Coquelin Aîné, Desjardin
  • Danse des Incroyables
  • Danse Directoire, musique de William Marie, dansées par Mlles Blanche et Louise Mante de l’Opéra
  • Danse javanaise, dansée par Mlle Cléo de Mérode
  • Danses slaves, musique de William Marie, dansées par Mlle J. Chasles de l’Opéra-Comique et M. Viscusi
  • Déshabillé de la mariée, Le, pantomime, parodie comique par Brunin des Ambassadeurs
  • Duo Mily-Meyer et M. Pougaud
  • Enfant prodigue, L’, pantomime, de Michel Carré, musique de André Wormser, 3 tableauxᅠ: 1. Le Vol. 2. Pierrot chez Phrynette. 3. Le retour. Pierrot filsᅠ: Mlle Félicia Malletᅠ; Mme Pierrotᅠ: Mme Marie Magnierᅠ; Phrynetteᅠ: Mlle X…ᅠ; Pierrot Pèreᅠ: M. Duquesne.
  • Footit et Chocolat du Nouveau-Cirqueᅠ: Les échasses
  • Footit et Chocolat du Nouveau-Cirqueᅠ: Guillaume Tell
  • Gavotte, danse ancienne, musique de Samuel Rousseau, dansée par Mlle Cléo de Mérode
  • Hamlet, scène du duel, scène mimée, Mme Sarah Bernhardt, M. Pierre Magnier (Laërte), Mlle Seylor, Hommes d’armes
  • Korrigane, La (Le Pas de la Sabotière), musique de Widor, dansée par Mlles Rosita Mauri, Violat, Suzanne Mante de l’Opéra
  • Little Tich
  • Little Tich, danse espagnole
  • Ma Cousine, scène mimée, Mme Réjane, Mlle Avril
  • Maître de ballet, Le, Jules Moy
  • Mikagowa, La, pas japonais, de L. Gastinel, dansé par Mlle Rosita Mauri, Mlles Violat et Suzanne Mante de l’Opéra
  • Mily Meyer et M. Pougaud
  • Poule introduite dans un concert, Une, Jules Moy
  • Poupée, La, Musique d’Ed. Audran, chantée par Mariette Sully, MM. Fugère et Soums
  • Précieuses ridicules, Les, Molière, avec Coquelin Aîné, Mlle Esquilar et Kervich (ou Kerwickᅠ?)
  • Rêve, Le, (Pas de la Mikagouva), musique de Léon Gastinel, dansé par Mlles Rosita Mauri, Violat, Suzanne Mante de l’Opéra
  • Scène chez le photographe, pantomime, Mason et Forbes Excentrics américains
  • Sylvia (La Pizzicati), musique de L. Delibes, dansé par Mlle Zambelli de l’Opéra
  • Troupier pompette, monologue par Polin
  • Titre original : Phono-cinéma-théâtre
  • Genres : Chanson filmée - Phonoscène - Primitif
  • Année de production : 1900
  • Année de sortie d'origine : 1900
  • Date de sortie en France : 28 avril 1900
  • Format d'origine : 35
  • Métrage d'origine : —

En 2010, la Cinémathèque française décide de numériser en 2K la totalité de cette collection. Le travail est effectué à Bologne, au laboratoire L’Immagine ritrovata. Certains négatifs ont souffert, mais beaucoup sont encore de belle qualité. A la fin de l’une des prises, une belle personne traverse la scène : c’est la directrice artistique, Marguerite Vrignault en personne.

En 2011, un important collectionneur d’appareils cinématographiques, M. Olivier Auboin-Vermorel, dépose à la Cinémathèque française un ensemble de films des premiers temps très précieux, parmi lesquels figurent des Méliès, des Marey, des Nadar et plusieurs films du Phono-Cinéma-Théâtre invisibles jusqu’à présent, par exemple Ma Cousine avec Réjane ou L’Enfant prodigue – deux tableaux sur trois, malheureusement. Ces films, en bon état, sont également numérisés.

Décidée à reconstituer dans la mesure du possible la quasi-totalité du répertoire du Phono-Cinéma-Théâtre, avec ses sons originels, la Cinémathèque française demande à l’expert Henri Chamoux de lui livrer les enregistrements déjà effectués des cylindres encore existants. Henri Chamoux a localisé dix-sept cylindres du Phono-Cinéma-Théâtre correspondant à huit titres, dont Cyrano de Bergerac, Iphigénie en Tauride, Les Précieuses ridicules. La majorité des cylindres est conservée au Musée de Radio-France à Paris. Henri Chamoux a mis au point «ᅠl’Archéophoneᅠ», un appareil capable de lire et enregistrer les cylindres en mauvais état, même cassés. La synchronisation est donc de nouveau possible, surtout avec les techniques numériques. Pour autant, certains sons restent parfois difficilement audibles.

Il était déjà miraculeux que tant de négatifs et de cylindres du Phono-Cinéma-Théâtre subsistent jusqu’à nos jours, étant donné la grande fragilité des supports – nitrate et cire. Or une excellente nouvelle est venue de Manuela Padoan, de Gaumont Pathé Archives, qui a conservé, de son côté, une importante collection de copies originales nitrate du Phono-Cinéma-Théâtre, très joliment peintes à la main. Ce fonds était sauvegardé depuis plusieurs années sur pellicule couleur et des scans 4K ont été réalisés récemment en collaboration avec Lobster film, en vue d’essais de synchronisation. Les deux fonds réunis de Gaumont Pathé Archives et de la Cinémathèque française permettent de reconstituer la presque totalité du répertoire du Phono-Cinéma-Théâtre, avec la couleur en plusᅠ! Désormais «ᅠles couleurs et les sons se répondentᅠ», selon l’expression de Baudelaire…

Ultime miracle, Gaumont Pathé Archives avait dans sa collection le premier tableau qui manquait à L’Enfant prodigue. Le film est désormais complet avec ses trois parties. Dernière trouvailleᅠ: en 2012, la directrice de l’école de danse de l’Opéra de Paris, Claude Bessy, met à disposition de la Cinémathèque française une copie positive de Le Cid (La Habanera), en très bon état.

Les deux équipes de la Cinémathèque française (Céline Ruivo) et de Gaumont Pathé Archives (Manuela Padoan et Agnès Bertola) ont travaillé de concert pour mener à bien ce magnifique projet qui permet de savourer, quasiment comme en 1900, l’une des plus belles attractions cinématographiques de l’Exposition universelle. Mais ouvrez bien vos oreilles, le son n’est pas si bon – comme à l’origine d’ailleursᅠ! Savourez le plaisir de revoir, en couleurs parfois, les plus grands artistes de l’époqueᅠ: Sarah Bernhardt, Jeanne Hatto, Jean Coquelin, Victor Maurel, Rosita Mauri, Félicia Mallet, Zambelli, Mily Meyer, Little Tich, Cléo de Mérode, Jules Moy, etc., soit l’élite de la danse, du théâtre, de la pantomime et du music-hall de la Belle-Epoque.

Laurent Mannoni

Informations techniques sur les copies

Année du tirageProcédé imageVersionMétrageCadenceMinutageFormat
2012Noir et Blanc + CouleurFrançais1400 m16 i/s75 minDCP

Projections notables (avec accompagnement musical)

Date de projectionLieuAccompagnement musicalCommentaire
2012-11-30Cinémathèque françaiseFestival Toute la Mémoire de Monde
2012-10-11Il Giornate del Cinema Muto - Pordenone

Gaumont Pathé Archives et la Cinémathèque française se sont associés pour restaurer et reconstituer le répertoire du Phono-Cinéma-Théâtre (1900).

La longue histoire du film sonore commence dès l’apparition du kinetoscope Edison, mais cette histoire fait un prodigieux bon en avant à Paris durant l’Exposition universelle de 1900, où le cinématographe parlant et en couleurs est décliné sous plusieurs formes. Parmi les spectacles présentés durant l’Exposition, le Phono-Cinéma-Théâtre est l’un des plus réussis aux points de vue technique et artistique.

Le 27 décembre 1899, l’ingénieur et industriel Paul Decauville obtient dans l’enceinte de l’Exposition universelle la concession d’une surface de 210 mètres carrés environ, situé porte 43 rue de Paris, tout près du pont des Invalides. La Société anonyme du Phono-Cinéma-Théâtre est créée le 2 mars 1900, au capital de 100ᅠ000 francs, par Decauville. La comédienne et danseuse Marguerite Vrignault, initiatrice du projet, est nommée directrice artistique. La salle du Phono-Cinéma-Théâtre est construite par l’architecte R. Dulong sur le modèle du «ᅠPavillon fraisᅠ», réalisé en 1751 par Ange-Jacques Gabriel dans les jardins du Petit Trianon à Versailles. Elle est accolée au «ᅠThéâtroscopeᅠ», autre attraction importante de l’Exposition.

Les prises de vues sont assurées par Clément-Maurice, de son vrai nom Clément Maurice Gratioulet, un proche des frères Lumière. Il tourne avec une caméra 35 mm à une perforation centrale ou deux perforations latérales d’Ambroise-François Parnaland, fabricant d’excellentes caméras réversibles et collaborateur notamment du docteur Doyen.

Un studio de prise de vues a été installé sur le toit du «ᅠPavillon fraisᅠ» et les scènes sont enregistrées peu avant l’ouverture de l’Exposition. Les prises de vues sont faites en play-back, comme plus tard pour les phonoscènes Gaumont. Le phonographe utilisé est l’Idéal de Henri Lioret, qui emploie des cylindres de grande dimension (hauteur 22 cm, diamètre 13 cm) pouvant durer quatre minutesᅠ; un peu plus tard, en septembre 1900, l’Idéal sera remplacé par le Céleste de Pathé.

Le Phono-Cinéma-Théâtre est une attraction qui mêle plusieurs genres différentsᅠ: il y a des films sonores synchronisés au phonographe (chansons, monologues, extraits de pièces de théâtre), mais aussi des danses et des pantomimes qui sont simplement accompagnées par un pianiste ou un orchestre. Il y eut aussi un bruiteur et probablement un bonimenteur.

Le programme présente les artistes les plus prestigieux de l’époque, issus de la Comédie-Française et des théâtres des grands boulevards, du music-hall et du cirque. On adapte à l’écran, pour la première fois, L’Enfant prodigue de Michel Carré, petite merveille de pantomime accompagnée par la partition d’André Wormser, très appréciée alors. Un autre succès est filméᅠ: Ma Cousine de Henri Meilhac, créée au théâtre des Variétés le 27 octobre 1890, avec la grande comédienne Réjane. Le film n’est d’ailleurs compréhensible que si on connait l’histoire de la scène représentée – la répétition d’une pantomime intitulée Le piston d’Hortense, incluse dans la pièce en 3 actes.

La première séance du Phono-Cinéma-Théâtre à l’Exposition se déroule le 28 avril 1900. Les opérateurs sont Georges et Léopold Maurice, les fils de Clément-Mauriceᅠ; le synchronisme est assuré manuellement par les projectionnistes, qui ralentissent ou accélèrent au fur et à mesure de la lecture du cylindre phonographique.

Malgré la célébrité des acteurs, chanteurs, danseurs, clowns et mimes qui ont participé à l’entreprise (Sarah Bernhardt, Coquelin, Réjane, Mily Meyer, Emile Cossira, Jeanne Hatto, Zambelli de l’Opéra ou Cléo de Mérode, les clowns Footit et Chocolat ou le comique troupier Polin, etc.), malgré les éloges de la presse, malgré la belle affiche de François Flameng, malgré les soirées de gala (notamment pour le Shah de Perse au Palais de l’Optique le 10 août 1900), le public n’afflue pas au Phono-Cinéma-Théâtre et les comptes, à la fin de l’Exposition, ne sont que faiblement bénéficiaires.

La société du Phono-Cinéma-Théâtre est dissoute le 26 novembre 1901 mais cela n’empêche pas le spectacle de continuer à Paris (42 boulevard Bonne-Nouvelle, 10 novembre 1901ᅠ; Olympia, 1901), en Suisse, Suède, Espagne, Angleterre, Allemagne, Autriche, Italie, entre 1901 et 1902. C’est Félix Mesguich, ancien opérateur des Lumière, qui se charge de certaines projections lors des tournées du Phono-Cinéma-Théâtre.

Cette attraction tombe ensuite dans l’oubli. Mais au début des années 1930, on retrouve un ensemble de négatifs originaux. Le producteur Bernard Nathan, qui voue un grand intérêt aux origines du cinéma, finance alors en 1933 un documentaire réalisé par Roger Goupillières, Le cinéma parlant en 1900. On peut ainsi revoir plusieurs titres du Phono-Cinéma-Théâtre, dont Cyrano de Bergerac, Sarah Bernhardt dans Hamlet, Mariette Sully dans La Poupée, Little Tich, etc., avec les sons originaux des cylindres ou de nouvelles musiques. Les négatifs originaux Parnaland ont du être reperforés au «ᅠpasᅠ» Edison pour être tirés.

Les films du Phono-Cinéma-Théâtre sont découverts de nouveau par hasard en 1961, grâce à Mme Bernhart (!), une employée de l’U.G.C. (Union générale cinématographique), société de distribution et production de films. 24 négatifs (avec parfois plusieurs prises pour un seul titre) et une copie positive, correspondant à 18 titres différents, ont été retrouvés. Tous ces films sont alors déposés à la Cinémathèque française, en décembre 1961.

Laurent Mannoni

Autour du corpus