L'an de grâce 1825. Bandits de grand chemin, Robert Macaire et son fidèle compagnon Bertrand errent sur les routes de France à l'affût d'une occasion. Sans distinction, ils volent un riche propriétaire et une fermière crédule. Mais Robert sauve aussi une jeune femme en détresse, en l'occurence Louise de Sermèze, la fille du marquis de la région. Au château, il se fait passer pour le vicomte de la Tour Macaire. Le soir du bal donné en son honneur, le lieu est encerclé par les gendarmes. Avec l'aide de Louise, éperdument amoureuse de son sauveur, Robert s'enfuit par un couloir secret. Peu de temps après, non sans avoir en chemin volé une voleuse afin de subvenir à ses besoins, le bandit revient en cachette auprès de Louise. Ce retour est découvert et cette fois les deux escrocs sont jetés en prison.
Dix-sept années ont passé; des années passées à l'ombre, puis à essayer de filouter des pigeons et à se faire escroquer à leur tour, la prison encore et la liberté enfin. C'est le temps des regrets, le regret du temps et des amours perdues. Louise est morte. Mais voilà que sur sa tombe, une jeune fille prie et on jurerait Louise elle-même. Non, ce n'est pas un fantôme mais Jeanne, la fille de la défunte, l'enfant du «péché ». Comme sa mère il y a longtemps, elle aime secrètement un garçon sans fortune. Alors, comme pour s'amender et se venger du passé, Robert va travailler à cette union. Avec Bertrand, il monte à Paris pour retrouver un ancien associé indélicat, Cassignol devenu « baron de Signol ». Grâce à un stratagème original, ils ont gain de cause et repartent riches vers la province. Le bonheur de Jeanne est assuré et les deux amis, vaille que vaille, reprennent la route.
Philippe Arnaud, in "La Persistance des images", catalogue des restaurations et tirages de la Cinémathèque française, 1996.
- Titre original : Les Aventures de Robert Macaire
- Genres : Aventures - Comédie dramatique
- Année de production : 1925
- Année de sortie d'origine : 1925
- Date de sortie en France : 11 décembre 1925
- Format d'origine : 35
- Métrage d'origine : 5000 m
- Réalisateur : Jean Epstein
- Scénariste : Charles Vayre
- Auteurs de l'oeuvre originale : Benjamin Antier, Saint-Amand, Polyanthe
- Adaptateur : Raoul Ploquin
- Société de production : Films Albatros
- Distributeur d'origine : Films Armor
- Directeurs de la photographie : Paul Guichard, Nicolas Roudakoff
- Cadreur : Jéhan Fouquet
- Décorateurs : Lazare Meerson, Jean-Adrien Mercier, Geoffroy
- Interprètes : Jean Angelo (Robert Macaire), Suzanne Bianchetti (Louise de Sermèze), Alex Allin (Bertrand), Nino Costantini (René de Sermèze), Marquisette Bosky (Jeanne, la fille de Robert), François Viguier (le baron de Cassignol), Camille Bardou (Verduron), Jean-Pierre Stock (le vicomte de la Ferté), Lou Dovoyna (Victoire), Maximilienne (la fermière), Mademoiselle Niblia (Eugénie Mouffetard), Gilbert Dulong (le marquis de Sermèze), Mademoiselle Dulcart (la fiancée de René de Sermèze), Jules de Spoly
- (Extérieur) Saint Pierre de Chartreuse, France
- (Extérieur) Grenoble, France
- (Studio) Montreuil, France
La Cinémathèque française a procédé à une première restauration de ce titre en 1992, avec le tirage d'une copie safety d'après le matériel de conservation issu de ses collections. Le générique et les intertitres français, rédigés par Raoul Ploquin (fidèle adaptateur pour le compte des films Albatros) ont été reconstitués.
En 2013, une restauration photochimique a été réalisée à partir du négatif original nitrate provenant de ses collections. Les teintes ont été réintroduites au moyen du procédé Desmetcolor, à partir des indications figurant sur le négatif. Le film a également été numérisé puis mis en musique par Neil Brand. Les travaux de numérisation et d'étalonnage ont été confiés aux laboratoires Eclair, la synchronisation a été prise en charge par les laboratoires Vectracom.
Résumé des aventures :
Première aventure : Une étrange nuit à la ferme de Sermèze
Deuxième aventure : Le Bal tragique
Troisième aventure : Le Rendez-vous fatal
Quatrième aventure : La fille du bandit
Cinquième et dernière des aventures de Robert Macaire
Informations techniques sur les copies
Année du tirage | Procédé image | Version | Métrage | Cadence | Minutage | Format |
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1992 | Noir et blanc | Français | 4072 m | 20 i/s | 178 min | 35 |
2013 | Noir et Blanc + Couleur | Français | 4099 m | 18 i/s | 199 min | 35 |
2007 | Noir et blanc | Français | 4072 m | 20 i/s | 178 min | Betanum |
2013 | Noir et Blanc + Couleur | Français | 4099 m | 18 i/s | 199 min | DCP |
Projections notables (avec accompagnement musical)
Date de projection | Lieu | Accompagnement musical | Commentaire |
---|---|---|---|
2011-01-08 | Cinémathèque québécoise |
Projections notables (avec accompagnement musical)
Date de projection | Lieu | Accompagnement musical | Commentaire |
---|---|---|---|
2014-05-03 | Cinémathèque française |
Projections notables (avec accompagnement musical)
Date de projection | Lieu | Accompagnement musical | Commentaire |
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La plus grande puissance du cinématographe est son animisme, entièrement dû à cette faculté de dessiner le temps. A l'écran, il n'y a pas de nature morte. Les objets ont des attitudes. Les arbres gesticulent. Les montagnes signifient. Chaque accessoire devient un personnage. Les décors se morcellent et chacune de leur fraction prend une expression particulière, vit, grandit, vieillit, meurt avec l'action. Un panthéisme étonnant renaît au monde et le remplit à craquer. L'herbe de la prairie est un génie souriant et féminin. Des anémones, pleine de rythme et de personnalité, évoluent avec la majesté des planètes. La main se sépare de l'homme, vit seule, seule souffre et se réjouit. Et le doigt se sépare de la main. Toute une vie se concentre soudain et trouve son expression la plus aïgue dans cet ongle qui tourmente machinalement un stylographe chargé d'orage.
Jean Epstein, "ᅠUn système graphique à trois dimensionsᅠ: le cinématographeᅠ", in Revue des arts et métiers graphiques, 15 mai 1931.
Je ne connais pas d'oeuvres plus probes que le Robert Macaire d'Epstein. Il s'est attelé à ce film en toute honnêteté, il connaissait ses romantiques, son boulevard du crime, son Frédéric Lemaitre, son Dumas, son Sand, son Doré. Il nous fait pénétrer par le choix de ses paysages, par l'authenticité de ses personnages secondaires, par le raffinement des décors de Mercier, par toutes sortes de détails et même par une certaine fausse naïveté, un certain faux comique, dans l'esprit d'une époque.
Henri Langlois, "ᅠHommage à Jean Epsteinᅠ", Les Cahiers du cinéma n°24, juin 1953.
Tourné entre juin et août 1925, Les Aventures de Robert Macaire est un serial en cinq aventures et demeure le film le plus long de la carrière de Jean Epstein (plus de 4000 mètres, soit près de trois heures). Il s'agit de la dernière collaboration avec les studios Albatros.
Le personnage de Robert Macaire apparaît en 1823, dansᅠL'Auberge des Adrets, pièce écrite par Benjamin Antier, et il est incarné par Frédérick Lemaître, qui en fait son personnage fétiche. Frédérick Lemaître deviendra par la suite un célèbre personnage dans ᅠLes Enfants du paradis, joué par Pierre Brasseur.
Henri Langlois considérait le film d'Epstein comme un classique qui avait su recréer l'atmosphère romantique. Il est vrai que le traitement et le cadrage des décors naturels en plans larges peuvent évoquer la beauté de John Constable ou de Jean-Jacques Rousseau. Dans un décor soigneusement et poétiquement maîtrisé et composé, les Don Quichotte et Sancho Pansa du crime (l'image est de Théophile Gautier), soit Robert Macaire et son complice Bertrand, évoluent avec aisance et naturelᅠ; l'atmosphère semble légère, la presse de l'époque la qualifiera de parodique, les acteurs ont souvent l'air de s'amuser à exécuter ces aventures picaresques, ces mimiques de guignols escrocs (Cocteau parlait de marionnettes humaines).
Et pour rappeler la belle idée de Philippe Arnaud au sujet de la composition formidable de Jean Angelo et Alex Allinᅠ: «ᅠon reconnaîtra, à ce matériau narratif sommairement évoqué, une tradition feuilletonesque traitée de manière heureuse, assez sûre de ses tours pour les pratiquer avec une bonhomie amusée telle qu'elle est visible dans le plan par des sourires dont il devient indistinct et d'ailleurs sans importance de savoir s'ils appartiennent aux acteurs ou aux personnagesᅠ».ᅠ
Emilie Cauquy
Autour d'Albatros
Albera, François, Albatros : des russes à Paris 1919-1929, Mazzota-La Cinémathèque française, 1995.
L'Aventure des films Albatros/ Le cinéma russe en exil
http://www.cinematheque.fr/expositions-virtuelles/albatros/index.htm
Autour du film
Brochure promotionnelle d'époque
Séverine Calais
La politique d'un auteur: une analyse critique des personnages renoiriens
Thèse de doctorat en sciences de l'information et de la communication, sous la direction de Eric Schmulévitch
Soutenue le 07/12/2007, à Nancy 2, dans le cadre de LTS - Ecole doctorale Langages, Temps, Sociétés.
Autour du réalisateur
Site Google Art Institute consacré à Jean Epstein
Fonds Jean Epstein / Marie Epstein conservé à la Cinémathèque française
http://www.cineressources.net/repertoires/archives/fonds.php?id=epstein
François Albera, "Sociologie d'Epstein: de Pathé-Consortium à Albatros", in Jean Epstein, cinéaste, poète, philosophe, sous la direction de Jacques Aumont, Conférences du Collège d'histoire de l'art cinématographique, Ed. cinémathèque française, Paris, 1998.
- 317ème section (La)
- Akvareli
- Amours de minuit (Les)
- Angoissante aventure (L')
- Aprili
- Aventures de Robert Macaire (Les)
- Avoir vingt ans dans les Aurès
- Balançoires
- Ballet mécanique
- Bandes chronophotographiques
- Bessie à Broadway
- Bohème (La)
- Brasier ardent (Le)
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- Chant de l'amour triomphant (Le)
- Chasseur de chez Maxim's (Le)
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- Cinq minutes de cinéma pur
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- Dame masquée (La)
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- Deux mémoires (Les)
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- Essais cinématographiques
- Essais d'Ève Francis
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- Quinzième prélude de Chopin (Le)
- Rachmaninoff's prelude
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