Deux péniches, « L'Hirondelle » et « La Mésange », descendent d'Anvers vers la France. À leur bord, Pieter van Groot, sa femme, Griet et la sœur de Griet, Marthe, travaillent et vivent paisiblement. Un nouveau pilote, Michel, vient compléter l'équipage, mais dont le caractère fait virer l'atmosphère au drame.
- Titre original : L'Hirondelle et la mésange
- Année de production : 1920
- Année de sortie d'origine : 1984
- Date de sortie en France : —
- Format d'origine : 35
- Métrage d'origine : —
- Réalisateur : André Antoine
- Assistant réalisateur : Georges Denola
- Scénariste : Gustave Grillet
- Société de production : S.C.A.G.L. - Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres
- Directeur de la photographie : René Guychard
- Interprètes : Maguy Deliac (Marthe), Jane Maylianes (Griet), Pierre Alcover (Michel), Louis Ravet (Pierre van Groot), Georges Denola (le diamantaire)
- (Extérieur) Anvers, Belgique
- (Extérieur) Tamise, Belgique
Tourné en 1920, le film est monté et montré une fois seulement à l’occasion d’une projection corporative en 1924 (Club français du cinéma, séance du 5 juin 1924 au Colisée à Paris, copie malheureusement disparue). Un négatif non monté, six heures de «ᅠrushesᅠ» oubliées pendant des dizaines d’années, a été retrouvé dans les collections de la Cinémathèque française en 1982. À l'initiative de l’historien Philippe Esnault, la Cinémathèque confie alors à Henri Colpi, réalisateur, monteur, et musicologue, le soin de reconstituer et de faire advenir ce film jamais sorti.
À partir du scénario original de Gustave Grillet, de documents de travail annotés par Antoine dont des listes d’intertitres rédigées de sa main, Colpi aboutit à un long métrage de 79 minutes (à 18 i/s), avec – à quelques exceptions près – les intertitres d'origine d’Antoine.
Raymond Alessandrini composa une musique originale avec trois thèmes empruntés à Maurice Jaubert. Le film a été présenté une première fois à la Cinémathèque française, le 12 mars 1984.
Fin des années 2000, la Cinémathèque française a fait tirer un nouveau contretype et une nouvelle copie. Le contretype est issu du «ᅠmarronᅠ» réalisé au moment de la restauration de 1984 (et seul master monté du film, les négatifs ayant été laissés à l'état de «ᅠrushesᅠ»).
En 2012, certains défauts ayant subsisté au moment de la première restauration (cadrages des cartons en 1.37 au lieu de 1.33, par exemple), le marron a été scanné en 2K afin d’être corrigé. Pour la première fois, un étalonnage entièrement numérique a été utilisé afin de recréer les couleurs du film, reproduites à l’époque par Colpi avec le procédé de tirage Desmet. Cette nouvelle procédure a permis de gagner en qualité d'image et en définition.
Les travaux de laboratoire numériques ont été effectués par Bruno Despas et Digimage.
Eva Markovits
Informations techniques sur les copies
Année du tirage | Procédé image | Version | Métrage | Cadence | Minutage | Format |
---|---|---|---|---|---|---|
2012 | Procédé Desmet | Français | 1615 m | 18 i/s | 79 min | DCP |
Projections notables (avec accompagnement musical)
Date de projection | Lieu | Accompagnement musical | Commentaire |
---|---|---|---|
2012-12-01 | Cinémathèque française | Festival Toute la Mémoire du Monde | |
2010-09-19 | Cinémathèque de Toulouse | ||
2010-04-30 | La Criée, Marseille | ||
1984-03-12 | Cinémathèque française |
J'avais eu l'idée d'un film: la vie des bateliers, dans les Flandres, sur les canaux. J'envoie Grillet devant, chercher un décor. J'arrive ensuite avec les artistes. Nous partons d'Anvers sur notre péniche et nous remontons l'Escaut. Magnifique...Comme tout avait été tourné en marche, toutes les photos vinrent en relief. Saisissant. L'histoire était dure, un drame très simple. Ca finissait par l'enlisement d'un homme dans la vase une nuit, et le lendemain la péniche filait à nouveau, tranquillement, dans la lumière et le silence. C'était très beau. Au retour on présente ça à l'usine et l'on me dit : "Mais ce n'est pas un film"...Et je réponds "Mais non Monsieur, ce n'est pas un film. Mais si vous voulez, on peut ajouter une taillerie de diamants à Amsterdam et une descente de police dans un bar de Londres". Voilà. Et le film n'est jamais sorti.
André Antoine, La Revue Hebdomadaire, juin 1923.
Pour son neuvième et finalement dernier film, André Antoine se lance, en 1920, dans la réalisation de cette intrigue écrite pour l'écran par Gustave Grillet, grand ami dramaturge. Le film est tourné en Belgique mais jamais sorti sur les écransᅠ: Charles Pathé, distributeur du film et effaré à la vue des «ᅠrushesᅠ», considère ce «ᅠmatérielᅠ» comme un documentaire...
Le réalisme du film, le tournage en extérieurs, l’utilisation de plusieurs caméras pour filmer une même situation, l’utilisation de trucages effectués à la prise de vues (volets, iris, enchaînés, fondus) et la sobriété du jeu des acteurs en font une œuvre tout à fait innovante, donc déroutante.
Ces conditions et procédés cinématographiques découlent directement de la conception théâtrale d’Antoine, soit un spectacle de la vie saisie directement. Une conception réaliste qu’il voulait appliquer au cinéma (le goût de milieux véritables) et développée sous sa plume dans plusieurs articles et critiques cinématographiquesᅠ: «ᅠLa petite évolution [au théâtre] dont on veut bien me dire l’auteur consista tout bonnement à regarder ce qui se passait, à essayer s’il était possible d’être plus simple et plus logique. Hélas, pareille fortune ne m’arrivera point au cinéma…ᅠ» (décembre 1919).
Eva Markovits
Autour du réalisateur
Antoine cinéaste, Collectif, revue 1895 hors série n°8/9, Association française de recherche sur l'histoire du cinéma, 1990.
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