Dans une famille très pauvre, le père s’enivre pendant que la mère vaque à ses corvées de blanchisseuse. Cette situation est source de disputes dont pâtissent les enfants. Lorsque le père vole l’argent du ménage sous le matelas et s’enfuit par la fenêtre, la mère part furieusement à sa poursuite jusque dans un musée où l’homme s’est réfugié. Dans ce lieu, ils se trouvent alors déroutés et attirés par les œuvres d’art peintes et sculptées qu’ils découvrent. Devant une aquarelle qui représente de toute évidence leur maison, ils discutent calmement du tableau, jusque dans ses moindres détails. Un homme surgit : c’est le peintre, qui fera le portrait de toute la famille devant sa maison.
- Titre original : Akvareli
- Titre parallèle (russe) : Acuarela
- Titre parallèle : Aquarelle
- Année de production : 1958
- Année de sortie d'origine : 1958
- Date de sortie en France : —
- Format d'origine : 35
- Métrage d'origine : 273 m
- Réalisateur : Otar Iosseliani
- Scénariste : Otar Iosseliani
- Auteur de l'oeuvre originale : Alexandre Grin
- Société de production : VGIK - Vserossiiskii Gosudarstvennyi Institut Kinematografii Moscou)
- Interprètes : Guennadi Kracheninnikov (Monsieur Beniakov), Sofiko Tchiaoureli (Madame Beniakov)
Cette copie a été sauvegardée par la Cinémathèque française en 2001 à partir d’un élément nitrate provenant de ses collections.
Informations techniques sur les copies
Année du tirage | Procédé image | Version | Métrage | Cadence | Minutage | Format |
---|---|---|---|---|---|---|
2001 | Couleur | Russe | 273 m | 24 i/s | 9 min | 35 |
Projections notables (avec accompagnement musical)
Date de projection | Lieu | Accompagnement musical | Commentaire |
---|---|---|---|
2002-02-15 | Cinémathèque française | Intégrale Otar Iosseliani |
Otar Iosseliani tourne Akvareli au cours de ses études au VGIK, institut du cinéma à Moscou, où chaque élève doit effectuer des travaux de réalisation. Cette fable raconte une révélation, la rencontre d’un couple désœuvré avec la beauté artistique. Les sculptures et les peintures sont d’abord les témoins muets de la discorde. Il suffit au couple, traits creusés par un maquillage qui figure de manière expressionniste la misère et la lassitude, de contempler un tableau pour aussitôt en saisir la valeur salutaire. L’art devient alors un moyen de dépasser les difficultés matérielles, de prendre conscience que la richesse de ce que l’on est, et de ce que l’on ressent, peut transcender le quotidien.
Otar Iosseliani expérimente ici ce qui l’intéresse alors d’un point de vue formel: «J’ai essayé le montage vertical, le montage rythmique, j’ai conçu le cadre de chaque plan en accord avec les différents triangles de la composition picturale[1]». Si la composition du cadre est clairement inspirée de la peinture classique, Iosseliani casse le motif en insérant des cadrages surprenants (comme les deux visages contemplant l’aquarelle, réunis dans un même cadre mais néanmoins coupés de moitié sur les côtés). Iosseliani maîtrise déjà l’art du montage à la perfection. La scène de la poursuite dans les rues boueuses jusqu’à la ville en est un exemple frappant. Le regard désapprobateur des femmes qu’il croise semble poursuivre le mari en fuite. Obtenue au prix d’un travail extrêmement minutieux et contrôlé, tiré sans doute de son étude de la musique et des mathématiques, la précision rythmique de son film est absolue, que ce soit en termes de montage comme de construction sonore.
En 1985, Raphaël Bassan écrivait «Iosseliani est un aquarelliste du quotidien, il jette un regard d’ethnologue sur ses contemporains sans défendre de thèse idéologique bien repérable[2]». Dans Akvareli, Otar Iosseliani, qui aurait pu interpréter le rôle du peintre, interprète celui d’un des guides du musée. Il ne cessera par la suite dans ses réalisations de désigner au spectateur ce qu’il estime essentiel de contempler dans la vie et il livre déjà, dans ce premier film, toute la philosophie et l’esthétique de son œuvre à venir : une interpellation poétique et humaniste dans laquelle les arts et la musique, le temps de vivre, d’observer, et de penser, tiennent une place prépondérante.
Samantha Leroy
[1] Conversa com Otar Iosseliani, entretien avec Luciano Barcaroli, Carlo Hintermann et Daniele Villa, les 21 et 22 février 1998, in Otar Iosseliani: o mundo visto da Geórgia / A Geórgia vista do mundo, Ed. Cinemateca portuguesa – Museu do cinema, 2006, p. 38 (citation traduite l'auteur).
[2] Raphaël Bassan et Guy Gauthier,«Otar Iosseliani», La revue du cinéma n° 402, février 1985, p. 56.
Autour du réalisateur
«ᅠConversa com Otar Iosselianiᅠ» in Otar Iosselianiᅠ: o mundo visto da Georgia/ A Georgia vista do mundo, Ed. Cinemateca portuguesa – Museum do Cinema, 2006.
Entretien avec Luciano Barcaroli, Carlo Hintermann et Daniele Villa, les 21 et 22 février 1998.
Raphaël Bassan et Guy Gauthier, «ᅠOtar Iosselianiᅠ», in La revue du cinéma, n°402, février 1985.
Positif n° 206, mai 1978
Positif n°110, novembre 1969
Anthony Fiant, (Et ) le cinéma d’Otar Iosseliani (fut), Ed. L’Age d’Homme, Lausanne, 2002.
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