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Bibliographie


Projets non aboutis : Le Consul noir (1932)

Eisenstein reviendra sur le « projet haïtien » en 1932. Le 27 mai, l'écrivain Anatoli Vinogradov lui adressait une lettre, dans laquelle il lui demandait de l'aider à porter son roman (le Consul noir) à l'écran. Il lui soumettait même un synopsis développé du futur film.

Le 23 juillet, Eisenstein signe un contrat avec Soiouzkino et Anatoli Vinogradov (Esfir Tobak, qui assistait Eisenstein sur le montage de Nevski et d'Ivan et à qui l'on doit la plus récente version de Que Viva Mexico!, affirme qu'il a, par ailleurs, manifesté l'intention de travailler sur un autre roman de Vinogradov - Paganini - dont N. Tcherkassov aurait interprété le rôle titre. Rien ne vient confirmer cette information.) Celui-ci devait lui remettre, au plus tard le 1er février 1933, un scénario intitulé le Consul noir, d'après son dernier roman. Eisenstein envisage, un temps, la possibilité de tourner à Haïti.

Lorsque le roman est publié en 1933, on peut lire sur la page de garde : « Je dédie ce livre à S. M. Eisenstein, en souvenir de nos rencontres, d'une amitié et d'un travail commun. » Sur un exemplaire conservé dans la bibliothèque d'Eisenstein, une dédicace donne peut-être la clé de l'échec du projet : « À l'auteur de la part de l'auteur. A Vinogradov. Les atermoiements de nos responsables sont prêts à exercer leur funeste influence, une seconde fois sur vous et une première sur moi. »

Contrairement à ce qui se passe souvent en pareil cas, les archives ne gardent aucune trace de dessins ou d'ébauches de scénarios. On sait néanmoins, d'après les souvenirs de son assistant (l'ancien compagnon de Kouléchov - Lev Obolenski), que les principaux rôles étaient déjà distribués : le principal acteur et metteur en scène du Théâtre juif de Moscou, Solomon Mikhoëls, aurait été Toussaint-Louverture et Paul Robeson le général Dessaline.

On trouvera le résultat de ce travail dans la mise en scène de l'« épisode Dessaline », réalisée en 1934, à l'intention des étudiants de l'Institut de Cinéma (Cf. V. Nijny, Mettre en scène, pp. 135-180).

Citation :

« Les épisodes majeurs de l'histoire de la révolution haïtienne devaient constituer plus tard le Consul noir. Initialement, ils portaient moins sur le personnage de Toussaint-Louverture que sur un autre général révolutionnaire, qui s'est retrouvé ensuite à la tête de la république haïtienne. À partir de là, son histoire prenait un air de tragédie shakespearienne : ce personnage se coupait des masses révolutionnaires haïtiennes, et la chute de cet homme, un temps dirigeant, venait de ce qu'il s'éloignait progressivement des masses révolutionnaires. Ce rôle était destiné au grand acteur noir Paul Robeson, que nous avons récemment accueilli parmi nous. »

Bibliographie :

« Le nouveau travail d'Eisenstein », Kinogazeta, 18 septembre 1932, n° 43, p. 4.

EISENSTEIN, S. M., Œuvres choisies, Iskousstvo, « Discours d'ouverture au Premier Congrès des travailleurs du cinéma » (8 janvier 1935), vol. 2, p. 101.

V. GOROKHOV, Paul Robeson, 1952, Moscou, Ed. Sovietski Pissatel.

I. MONTAGU, With Eisenstein in Hollywood, 1968, Berlin/DDR Seven Seas Publishers, pp. 110-115.