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Bibliographie


Projets non aboutis : « Projets Météoriques » 2 (1937)

Lion Feuchtwanger venait de publier le Faux Néron. Il propose son adaptation cinématographique à Eisenstein, après avoir assisté à son travail de mise en scène sur une séquence du Pré de Béjine, « la destruction de l'église ».

Eisenstein lit le roman en allemand et s'intéresse à l'idée, au point de commencer à prendre des notes. Ses archives conservent des esquisses de scénario, en russe, en anglais, en allemand, en latin, ainsi que des dessins.

Cela n'ira pas plus loin.

La correspondance avec V. Vichnievski offre d'intéressantes informations sur l'ensemble des projets qu'Eisenstein souhaitait mettre en œuvre après la profonde déconvenue du Pré de Béjine. On recense d'abord trois sujets historiques :

1. « Le passage de Souvorov à travers les Alpes » évoque, du point de vue russe, cet épisode qu'en son temps Abel Gance avait illustré avec son film sur Napoléon.

2. L'Arabe de Pierre le Grand, d'après une nouvelle inachevée de Pouchkine.

« Je m'efforce, ici, de ne pas abandonner mon activité intellectuelle. Il me faut accumuler des forces, qui me sont particulièrement nécessaires en ce moment, à la lumière des décisions qui me concernent. D'autant plus que deux thèmes hypothétiques me travaillent.

L'un - la lutte contre l'espionnage et le sabotage. A vrai dire, le thème est contemporain, mais il est assurément « tabou » pour moi.

L'autre - la race. Il m'intéresse également. Le fort désir de Robeson de travailler avec moi. Sa venue l'accentue encore. En l'occurrence, il y a un matériau inattendu : l'Arabe de Pierre le Grand de Pouchkine. Un fragment.

L'Académie Tsiavlovski. Les plans de Pouchkine sur l'œuvre. La biographie d'Hannibal.

[...] La Perse m'attire beaucoup. Mais impossible de s'en sortir sans voyage. Même une excursion.

(En 1933, j'ai voulu y aller, on a envoyé Eroféïev et Golovnia et ils se sont cassé le nez.)  » (En 1935, Vladimir Erofeïev sortira pourtant un film intitulé la Perse.)

Lettre d'Eisenstein à Héléna Sokolovskaïa, directrice de « Mosfilm » (5 juin 1937).

3. Le Dit du Prince Igor, d'après le premier des grands récits littéraires russes. « J'ai effleuré la thématique d'un film possible. J'ai vu l'aspect inexorable des conclusions. Thème : les classiques ou l'histoire russe. [...] Alexandre Nevski, la bataille sur les glaces [...] Le Dit du Prince Igor a été refusé. Sokolovskaïa a essayé d'améliorer les positions. C'était presque sans espoir. Qui pouvait écrire pour Sergueï Mikhaïlovitch ? Quel thème lui proposer ? J'ai parlé de vous directement, sincèrement, j'ai dit la nécessité absolue de vous faire travailler. Choumiatski m'a calmement, mais fermement répondu. La conversation s'est éteinte. » (V. Vichnievski à Eisenstein, lettre du 21 juin 1937).