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Bibliographie


Projets non aboutis : Cavalerie rouge (1924)

Lorsqu'il a terminé la Grève, Eisenstein décide d'adapter un recueil de nouvelles d'Isaac Babel. Le film devait être réalisé dans les studios de Sevzapkino, à Moscou, qu'il avait rejoint après avoir rompu avec le Proletkult.

En janvier-février 1925, la presse se fait l'écho de ce projet. Les archives d'Eisenstein conservent un « schéma politique » du scénario, six cahiers qui établissent les plans du futur film, accompagnés de remarques extraites d'ouvrages sur la guerre civile et d'un bloc-notes rempli d'annotations personnelles.

Eisenstein envisageait un travail d'envergure sur la guerre civile (et en particulier sur le rôle joué par la division de cavalerie de Sémion Boudienny), non seulement à partir des récits de Babel, mais également du Torrent de fer d'Alexandre Sérafimovitch et de nombreux autres témoignages à caractère documentaire.

C'est la proposition du premier studio de Goskino (en mars 1925) de réaliser un film pour célébrer les événements de 1905 qui mit un terme à ce projet. Deux ans plus tard, Eisenstein inclura dans le scénario d'Octobre nombre d'éléments issus de ce projet sur la Cavalerie rouge. Ils ne seront malheureusement pas retenus dans le montage final.

Signalons que le Torrent de fer fut réalisé en 1967 dans les studios de Mosfilm par Efim Dzigan.

Citation :

« Ma rupture avec le Proletkult m'oblige, au moins à court terme, à me consacrer totalement au cinéma. C'est la raison pour laquelle j'ai dû refuser la seule proposition qui m'ait paru acceptable d'entrer au théâtre Meyerhold en qualité de metteur en "scène", compte tenu du caractère grandiose de ma nouvelle réalisation : l'incarnation héroïco-romantique de l'histoire de l'armée de cavalerie. C'est là un matériel cinématographique étonnant, qui va m'obliger à parcourir l'URSS pendant au moins six à sept mois.

Pour l'instant, [...] je rassemble des documents historiques, les souvenirs oraux et écrits de membres du Proletkult (les camarades Boudienny, Vorochilov, Kalinine, Beloded, Apassenko, etc.), afin d'élaborer à moyen terme un scénario qui comprendra les parties suivantes : la guerre des partisans, la division de cavalerie, le corps de cavalerie et l'armée de cavalerie. Sur le plan thématique du schéma historique, apparition de l'héroïsme collectif et individuel, rôle organisateur du parti qui soude la masse de l'armée de cavalerie avec une énergie de fer.

Sur le plan formel, c'est la conception la plus éloignée qui soit des idées que j'ai exprimées dans la Grève, relatives aux thèmes sociaux de masse.

Le métrage de l'Armée de cavalerie sera de 2 000-2 500 mètres. Pour résoudre les problèmes les plus difficiles - les scènes de batailles -, les services de spécialistes militaires et de ceux qui ont pris part à ces combats ont été requis. Nous avons sans hésitation compté sur la participation de ces derniers, en rappelant le souhait des camarades Kalinine et Vorochilov de voir, en 1925, une partie de la production cinématographique consacrée à l'histoire de l'Armée rouge (Cf. les discours pour son cinquième anniversaire). Et j'ai obtenu l'accord de Vorochilov et de Boudienny en vue de m'assurer leur concours pour la réalisation du film, dont ils sont les initiateurs de fait. »

« Entretien entre A. Léïtes et Eisenstein », Kino-Nedelia, janvier 1925, n° 4, p. 17.

Bibliographie :

LEYDA, Jay, The Work of Eisenstein, The Film Sense, p. 172.