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Projets non aboutis : Tempête sur La Sarraz (1929)

En septembre 1929, Eisenstein, Alexandrov et Tissé sont invités en Suisse, au Congrès de la Cinématographie Indépendante, qui se déroule dans la villa d'une mécène millionaire - Hélène de Mandrot. Pour faire plaisir à leur hôte, il organise la réalisation d'une pochade en forme de court métrage : le Combat de la cinématographie indépendante contre le commerce. On trouvera au générique nombre de ceux qui participaient au Congrès : Jeanine Bouissounouse, Bela Balazs, Hans Richter, Léon Moussinac, Walter Ruttman, Jean-Georges Auriol, Ivor Montagu.

Citation :

« Eisenstein avait suffisamment de tact diplomatique pour ne pas s'introniser lui-même réalisateur. C'est Richter qui fut nommé à ce poste. Les opérateurs étaient Tissé - qui était évidemment venu avec sa caméra - et Ruttman. Gricha [Alexandrov - E.S.] était l'homme de confiance, maître à toutes mains. Sergueï Mikhaïlovitch était sur tous les fronts et, bientôt, il remplit les fonctions d'accessoiriste.

Chacun eut son rôle, dramatique ou technique. Janine Bouissounouse - qui était notre hôte et la muse-inspiratrice d'Aron - interpréta l'Âme du cinéma, drapée dans des toilettes ruisselantes de couleur crème, agrémentées d'une manière d'énorme bustier fait de boîtes de pellicule vides. Elle se languissait, recluse dans le grenier de la plus haute tour. Le profil de Jack Isaacs lui assurait d'office le rôle de gardien - l'Esprit du commerce. Rituellement engoncé de la tête aux pieds dans une armure, il jetait des regards provocants à travers sa visière sur les importuns qui passaient en bas. Dans les rangs des libérateurs en marche, on pouvait voir des armes de tous les temps et de toutes les époques. À leur tête - Moussinac - un personnage de haute taille, avec des moustaches noires et de grandes bottes en cuir, une bandoulière en travers des épaules et un chapeau à la d'Artagnan orné d'une plume. L'ensemble laissait une impression de chaos. En qualité d'assistant de Richter, j'éprouvais la totale satisfaction de celui qui laisse les événements aller leur cours naturel. »

MONTAGU, Ivor, Eisenstein dans le souvenir de ses contemporains, Iskousstvo, 1974, p. 220-221.