Programme de recherche ANR Cinémarchives

La Triangle (1915 - 1919)
Archives, recherche et histoire du cinéma

Les films Triangle à la Cinémathèque française

La restauration de The Desert Man

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Galerie d'extraits de films

The Return of Draw Egan (William S. Hart, 1916)

La Cinémathèque conserve deux copies 16 mm avec cartons en anglais. La première provient d'un achat effectué en 1984, et aurait été destinée à l'exploitation américaine. On ne connaît pas l'origine de la seconde copie ; il pourrait s'agir d'un tirage effectué par Henri Langlois.

Analyse

Encore une fois, le personnage incarné par William S. Hart vient nettoyer une bourgade de la frontière et y imposer la loi (morale), tout en passant du statut d'aventurier nomade à celui de citoyen installé. L'extrait rend compte à lui seul de cette trajectoire : embauché par une ligue de vertu (The Yellow Dog Reform League), il est sur le point de démissionner pour pouvoir avoir le plaisir de participer à la bagarre générale qui a pris naissance dans le saloon d'en face, mais il est stoppé dans son élan par l'apparition angélique de la fille d'un notable, interprétée par Margery (Marguery, Marjorie…) Wilson. Celle-ci est, avec Bessie Love, Lillian Gish et Mae Marsh, une de ces actrices de la Triangle qui assurent une réelle fraîcheur dans le jeu, sans chichi vestimentaire et avec une plastique du visage des plus modernes. Elle participe ainsi, dans l'absence apparente de fard par exemple, au naturel de ces films, et partant à leur américanité. Il n'est donc pas étonnant qu'elle soit ici, comme dans d'autres films de la Kay Bee, associée à William S. Hart, champion de cette ligne politique. On la retrouve, on le sait, dans Intolérance en combattante spontanée contre l'envahisseur.

La scène ne manque pas d'ironie : celui qui vient, pour gagner sa croûte, de mettre au service de la morale sa rapidité à dégainer, est réjoui par la bagarre monumentale qu'une simple altercation aux cartes dans le saloon a suffi à déclencher, et son habillement, qui tranche si fort avec celui des bourgeois, et si peu avec celui des bagarreurs, dit bien d'où il vient et quelle place il occupe.

Mais on aura aussi remarqué les différences de mise en scène entre le saloon et le salon : plans larges dans le premier pour saisir ensemble jeux de cartes et danse avec les entraîneuses, plans plus serrés dans le second pour le groupe compact des citoyens qui veulent se défendre du Mal. Il faut aussi noter la différence de traitement entre le salon et la bagarre : grande luminosité pour le salon, grande obscurité pour la bagarre immédiatement exportée dans la rue, avec pour seul éclairage d'une part les ouvertures du saloon (fenêtres et porte) et d'autre part un éclairage latéral parcimonieux. Le directeur de la photographie est le grand Joseph August, fidèle de Thomas H. Ince, ancien cow-boy lui-même, dont on retrouve la signature dans quatre autres films conservés par la Cinémathèque française : The Coward, Between Men, The Desert Man, The Despoiler et Hell's Hinges, où l'on a déjà noté la présence de scènes nocturnes remarquables dans leur éclairage.

crédits

Le programme de recherche ANR Cinémarchives regroupe la Cinémathèque française, l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, l'université Paris Diderot - Paris 7, le Centre national de la Recherche scientifique et l'université Paul Valéry - Montpellier 3, avec le co-financement de l'Agence nationale de Recherche.

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