Programme de recherche ANR Cinémarchives

La Triangle (1915 - 1919)
Archives, recherche et histoire du cinéma

Les films Triangle à la Cinémathèque française

La restauration de The Desert Man

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Galerie d'extraits de films

Oh Mabel Behave (Le Siège de Mabel), Mack Sennett, Ford Sterling, 1917

Il existait dans les collections de la Cinémathèque française une copie nitrate 35 mm teintée avec cartons français pour la distribution d'origine, dont la provenance reste inconnue. En 2002, à partir de cette copie, la Cinémathèque fit établir un internégatif, un interpositif et une copie couleur. Il semblerait que la Cinémathèque conserve l'unique élément localisé de ce film à ce jour.

Analyse

Dans la production Triangle, seule Keystone produit des courts métrages, format canonique du film comique de l'époque. Le court métrage vient en complément d'un long métrage pour former avec lui le programme hebdomadaire des salles de cinéma (c'est du moins la formule que la Triangle tente d'imposer à l'exploitation américaine). Ces courts métrages semblent avoir eu financièrement, en raison de leur succès, une place importante dans l'économie de la Triangle en assurant un revenu aussi fort que régulier. Et c'est ce point qui pourrait expliquer la brouille de 1916 entre la Keystone et la Triangle, Sennett se retirant pendant plusieurs mois de l'association, forçant la Triangle à tourner sous un autre sigle des films comiques promis aux exploitants.

Oh Mabel Behave réunit trois piliers de la Keystone : Sennett, Normand et Sterling, qui sont tous trois acteurs et réalisateurs. Sterling et Sennett, qui jouent tous deux dans le film, sont crédités de sa réalisation et Normand était à la fois actrice et réalisatrice. On sait que les relations entre Sennett et Normand, professionnelles et sentimentales, étaient tumultueuses avec des épisodes hauts en couleur.

Le film date de 1917 et se situe donc après la fin de la brouille avec la Triangle, dans une année de production normalisée et, pour les longs métrages, avec des progrès sensibles dans la qualité de la production et de la réalisation. Or l'extrait choisi ne laisse pas d'étonner par la minceur de l'intrigue (quiproquos entre deux hommes et une femme), par la rudesse des raccords de plan à plan (il se peut que le film ait été remonté en 1922 ou que la copie est subie des dommages), et par le jeu fortement marqué des acteurs masculins. Tout semble se passer comme si la seule présence des acteurs Normand, Sennett et Sterling suffisait à garantir le succès du film. On peut d'ailleurs noter le caractère très frontal de la mise en scène, comme si les acteurs s'adressaient directement à un public calqué sur celui du music-hall.

Pour résumer, ce film est tardif (dans la production Triangle), il réunit trois stars de la firme Keystone, et il a probablement eu le même succès public que les autres : pourtant il se présente sous une forme que l'on peut déjà qualifier d'archaïque dans sa construction « slapstick » (échange de gifles après un baiser volé) et dans le jeu des acteurs. Un peu comme si le succès assuré avait gelé le style et favorisé la répétition de la formule première.

crédits

Le programme de recherche ANR Cinémarchives regroupe la Cinémathèque française, l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, l'université Paris Diderot - Paris 7, le Centre national de la Recherche scientifique et l'université Paul Valéry - Montpellier 3, avec le co-financement de l'Agence nationale de Recherche.

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