Programme de recherche ANR Cinémarchives

La Triangle (1915 - 1919)
Archives, recherche et histoire du cinéma

Les films Triangle à la Cinémathèque française

La restauration de The Desert Man

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Galerie d'extraits de films

The Good Bad Man (Les Parias de la vie), Allan Dwan, 1916

En 1965, Henri Langlois a eu accès à une copie travail avec intertitres anglais dont il fit tirer un contretype 35 mm, puis deux copies 16 mm issues de celui-ci. La Cinémathèque a d'abord tiré, en 1997, une copie travail 35 mm à partir du contretype, puis a restauré le film en 1998, avec l'établissement d'un double intertitrage anglais/français et le tirage d'une copie 35 mm. Ces éléments semblent être aujourd'hui les seuls éléments subsistant de ce titre.

Analyse

Autre association Fairbanks - Dwan (voir The Half Breed, Manhattan Madness), autre association Fairbanks - Love (voir Reggie Mixes in), dans un système qui est déjà de studio, et où l'on exploite les cocktails gagnants (acteur - réalisateur, acteur - acteur), en variant les histoires. Ici, Fairbanks fait un peu de concurrence à William S. Hart en incarnant un homme de l'Ouest, mais dans le même registre que les autres films : le gentil mauvais garçon qui n'est mauvais que pour être gentil. Un cow-boy de passage tombe chez un père fatigué vivant seul avec sa fille unique. Les deux plus jeunes rêvent de s'installer, mais ailleurs.

L'extrait vaut pour quatre choses. La première est la caractérisation du personnage interprété par Fairbanks, spécialiste des go-between, des personnages intermédiaires qui font la jonction entre les extrêmes de la société, comme ici la violence des gens du coin (sous la houlette du terrible Wolf) et la tendresse de la jeune femme. Ce n'est qu'une variation sur la persona de Fairbanks, sans doute mise en place dès sa carrière théâtrale. La seconde est le jeu contradictoire entre la force des sentiments (ils viennent de tomber amoureux l'un de l'autre) et la force de la pudeur (qui leur interdit à tous deux de se déclarer), qui les fait rivaliser de maladresses et d'indices produits, jusqu'à l'échange - serment final où ils s'offrent mutuellement un objet qui leur est cher. La troisième est le soin pris à placer cette idylle dans un cadre bucolique, toujours en dehors de la maison, pour en souligner la pureté et l'innocence. Ces deux derniers points installent tranquillement un topos du western : la difficulté du héros à exprimer ses sentiments amoureux, à moins de le faire, comme ici, pas trop loin de son fidèle cheval. La quatrième est le rapport assez étrange, à nos yeux d'aujourd'hui, entre les premiers plans et l'arrière-plan. Ces images sont tournées en extérieur réel avec un décor construit (le corral, les baraques…), mais l'on privilégie la proximité avec les acteurs (cadrés serrés) et le décor dans lequel ils se trouvent, mais tout en prenant bien soin d'avoir une découverte sur le paysage d'ensemble qui se déploie dans la profondeur et qui est là pour dire l'Ouest (en l'occurrence les environs proches de Los Angeles). L'utilisation d'une courte focale permet ce type de montage dans le plan avec, sur la gauche, un plan américain des personnages et à droite, dans une grande profondeur de champ, le semi-désert environnant.

crédits

Le programme de recherche ANR Cinémarchives regroupe la Cinémathèque française, l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, l'université Paris Diderot - Paris 7, le Centre national de la Recherche scientifique et l'université Paul Valéry - Montpellier 3, avec le co-financement de l'Agence nationale de Recherche.

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