Orphée, la réécriture d’un mythe

13 novembre 2022

« J’ai toujours préféré la mythologie à l’Histoire parce que l’Histoire est faite de vérités qui deviennent des mensonges et que la mythologie est faite de mensonges qui deviennent des vérités ».

Cette phrase de Jean Cocteau témoigne de la place fondamentale accordée dans son œuvre à la mythologie, dont le caractère polysémique l’a toujours captivé : ouvrant la voie à toutes les interprétations et à toutes les actualisations, elle sert de support à la liberté créatrice du poète. Cocteau trouve dans certaines figures de la mythologie grecque un écho à sa sensibilité personnelle. En 1922, il écrit Antigone, une pièce de théâtre d’après le dramaturge grec Sophocle. En 1925, c’est Orphée, pièce de théâtre « en un acte et un intervalle », jouée pour la première fois le 17 juin 1926 au théâtre des Arts à Paris. Cocteau propose une version modernisée de la légende d’Orphée, l’une des plus célèbres du monde antique.

Orphée, le chantre aux dons poétiques et musicaux envoûtants, est au cœur de l’œuvre de Jean Cocteau. Il incarne le poète par excellence, qui par son talent peut ouvrir les portes de l’au-delà. Les traces du mythe d’Orphée sont omniprésentes dans l’œuvre de Jean Cocteau, dans son théâtre, ses poèmes, ses dessins, ses ballets, ses films.

Testament D Orph E

Affiche du film Le Testament d’Orphée (1960). Dessin de Jean Cocteau © ADAGP Paris, 2020.
Lithographie, 169 x 126 cm. Collection Cinémathèque française

Sans qu’il s’agisse stricto sensu de l’Orphée de la mythologie grecque, ce personnage devient le double poétique et fictionnel de Cocteau, la figure autour de laquelle il construit peu à peu sa « mythologie personnelle ». L’œuvre cinématographique de Cocteau s’ouvre et se ferme avec la figure d’Orphée : Le Sang d’un poète (1930), Orphée (1949), et Le Testament d’Orphée ou Ne me demandez pas pourquoi (1959), ces trois longs métrages constituent trois expressions cinématographiques de la figure orphique, et trois autoportraits de Jean Cocteau.