Affiche maison de « L'Âge d'or » (Luis Buñuel, 1930)

19 avril 2019

Dans les collections de La Cinémathèque française, cette affiche des plus rares, conçue pour la projection de L’ Âge d’or, au début des années 70, à Tours.

Henri Langlois, fondateur de La Cinémathèque française, est invité à présenter, tous les mercredis, des films de l’institution parisienne dans le tout récent centre socio-culturel du quartier du Beffroi à Tours nord. Cette nouvelle antenne tourangelle de La Cinémathèque française – déjà implantée à Grenoble, Nice, Lyon et Strasbourg – allait donner naissance à la Cinémathèque de Tours, inaugurée en octobre 1972.

Ces séances uniques, estampillées Cinémathèque, sont annoncées par des affiches maison composées avec le même style et le même soin par un animateur anonyme de l’atelier de sérigraphie du Beffroi. Aplats monochromes et typographie arrondie caractérisent cette série d’affichettes, paraphées de la même signature sur fond de papier bleu ou vert. Une invitation épurée et énigmatique à voir le film, sans générique, déclinée autour d’un seul visuel et jouant sur 2 à 3 couleurs, souvent complémentaires, qui donnent à l’ensemble une touche pop.

L’auteur, resté inconnu, retient de ce film d’amour fou, anticlérical et antibourgeois, une image iconique, plus surréaliste et subversive que la scène du baiser représentée par Charles Rau sur l’affiche Gaumont, lors de sa ressortie. Un plan choc de L’ Âge d’or, parmi les scènes blasphématoires qui avait dérouté le public, revu et corrigé pour la promotion du film. La figure de l’évêque est issue de la deuxième séquence du film, où un petit groupe d’ecclésiastiques semble garder les abords d’une île infestée de bandits armés, avant de se changer en squelettes figés dans la roche. Le personnage apparaît ici, pied posé sur une malle au trésor, porte-cigarette et fusil remplaçant la crosse tenue dans le film, attribut liturgique symbole de son pouvoir sacré.

La séance du 28 novembre est une date anniversaire, peut-être choisie pour l’occasion, plus de 40 ans après la première présentation de L’ Âge d’or le 28 novembre 1930 au Studio 28. Censuré quasiment dès sa sortie, le premier film parlant de Buñuel, produit par le vicomte et la vicomtesse de Noailles, s’est avéré un des plus gros scandales cinématographiques. Au programme de La Cinémathèque française parmi les « Cent chefs-d’œuvre du cinéma » montrés en 1949, L’ Âge d’or a été interdit de projection jusqu’en 1981 où il ressort en version restaurée.

Deux autres affiches sérigraphiées pour les projections de la Cinémathèque au Beffroi sont conservées dans nos collections : L’Aventure de Madame Muir (Joseph L. Mankiewicz, 1946) et La Symphonie nuptiale (Erich von Stroheim, 1926).

Les affiches des premières séances tourangelles de la Cinémathèque ont fait l’objet d’une exposition à Tours en janvier 2019.


  • Type d'objet : Affiche de film
  • Support : Sérigraphie
  • Année : c. 1970
  • Pays : France
  • Format : 65 x 51 cm
  • Crédits : Droits réservés