The Aryan Papers Méthode

Pour ce projet amorcé dans les années 1970, Stanley Kubrick a collecté de nombreux documents aujourd'hui rassemblés dans plus de soixante boîtes d'archives.

Le chercheur Ronny Loewy en a fait un inventaire précis (1) : images d'archives sur les ghettos, sur les camps de la mort, mais aussi documents illustrant la vie des Juifs en Europe de l'Est avant l'Holocauste, photos de la population polonaise ou allemande, rues, bâtiments, voitures, objets quotidiens de l'époque... Les artistes plasticiennes Jane et Louise Wilson, pour leur installation Unfolding the Aryans Papers, ont, elles aussi, consulté ces archives. Elles y ont découvert ainsi une boîte sur les landaus et les poussettes utilisés dans les années 1930. (2)

Cette quête de détails réalistes est essentielle pour Kubrick : il demande, par exemple, à la costumière Barbara Baum de rassembler uniquement des costumes d'origine.

Pour compléter cette large documentation iconographique, Stanley Kubrick lit des ouvrages historiques, des témoignages et des fictions sur l'Holocauste.

À partir de 1992, il prépare activement le tournage, envoie ses assistants en repérage en République Tchèque, en Slovaquie, en Pologne mais aussi au Danemark et en Autriche. Pour lui qui ne quitte pratiquement plus l'Angleterre, ces photographies sont de véritables outils de travail. Elles lui permettent de sélectionner à distance les meilleurs décors et d'entamer les négociations financières avec les autorités locales.

Kubrick travaille seul à l'écriture de son film. Il n'existe pas dans les archives de version complètement rédigée du scénario. Dans sa dernière version, datant d'avril 1993, certaines séquences sont décrites très sommairement, d'autres contiennent des dialogues complets. Il est donc impossible d'imaginer ce qu'aurait été ce film, malgré la documentation accumulée.

(1) Ronny Loewy, "Aryan Papers and Louis Begley's Novel Wartime Lies", in Stanley Kubrick, [catalogue of the Stanley Kubrick exhibition], (2nd revised ed., Deutsches Filmmuseum, Frankfurt am Main, 2007), p. 224.

(2) Brian Dillon, "Hall of mirrors", Sight & Sound, vol. 19, n° 3, Mars 2009, p. 20.