L'Ultime razzia

1955

Après cinq années passées en prison, Johnny organise un dernier coup pour se refaire : le hold-up de la caisse des paris d'un champ de courses hippiques. Assisté de son vieil ami Marvin Unger, Johnny recrute des complices sur le lieu du "crime" : Randy, Mike et George. Grâce à deux autres acolytes engagés pour faire diversion, ils réussissent leur coup. Mais le partage de l'argent ne peut se faire comme prévu. Johnny sera arrêté par la police dans un aéroport.

L'Ultime Razzia sort aux États-Unis le 6 juin 1956 et en France le 27 décembre 1957. Sa structure narrative est complexe, non chronologique, alternant les points de vue des différents protagonistes ; une voix off est chargée de fournir des repères temporels.

L'Ultime Razzia est tourné dans de bien meilleures conditions financières que les deux premiers films de Kubrick : la rencontre avec le producteur James B. Harris, avec qui il forme la Harris-Kubrick Pictures, lui permet de bénéficier d'un budget confortable. Le réalisateur peut enfin engager une équipe professionnelle et "de bons acteurs" (1) : Sterling Hayden, héros de Quand la ville dort (John Huston, 1950), Elisha Cook Jr., Marie Windsor... Le scénario, une adaptation du roman de Lionel White, The Clean Break, est co-écrit avec Jim Thompson (également dialoguiste), grand auteur de romans noirs alors encore peu connu.

Le film est un succès critique outre-Atlantique : un journaliste du Time remercia même Kubrick d'avoir fait preuve, "dans ses dialogues et ses images, d'une imagination que l'on n'avait pas revue à Hollywood depuis que le tonitruant Orson Welles a quitté la ville avec armes et bagages" (2). En France, l'œuvre reçut également un bon accueil critique, même si Godard la considéra "comme le film d'un bon élève, sans plus" (3).

(1) Kubrick, cité par Gene D. Phillips, "L'Ultime Razzia", in Les Archives de Stanley Kubrick, Alison Castle (dir.), (Köln, London, [etc.], Taschen, 2005), pp. 16-20.

(2) "The Killing", Time, 4 juin 1956.

(3) Jean-Luc Godard, "Un bon devoir", Cahiers du cinéma, n° 80, février 1958, pp. 61-62.