Le Baiser du tueur Symétries

Davy accompagne Gloria chercher sa paie chez son patron avant de quitter la ville avec elle. La jeune femme entre seule dans le bâtiment, empruntant l'escalier qui conduit à la salle de danse.

En haut des marches, la caméra fixe, qui filme l'ascension de Gloria, donne une vue plongeante (voire vertigineuse) sur la cage d'escalier. Ce cadrage efface les marches, ne faisant apparaître que les paliers. Il permet d'accentuer la stricte symétrie qui régit l'image. Le plan est structuré par un ensemble de lignes, à commencer par celles, redoublées par la rampe, qui reprennent le tracé de l'escalier sur chacun des murs opposés. Sur la surface brillante de ces murs se reflètent décor et personnage, provoquant leur dédoublement. Des taches de lumière se répondent sur chaque mur, créant un contraste entre zones d'ombre et zones de clarté, caractéristique du genre du film noir. Les motifs en damier des paliers appuient la symétrie générale du plan.

La symétrie se retrouve également dans la construction de la séquence : ce même plan est repris quelques minutes plus tard à l'identique. Gloria renouvelle son ascension, rappelée par les hommes de main de son employeur. Kubrick, en plaçant sa caméra en haut de l'escalier, saisit le mouvement, ascendant ou descendant, des personnages dans un plan fixe, contrairement à une caméra très souvent en mouvement dans le reste du film.