La lumière et l’âme

Si Rudolf Kurtz déclare : « La lumière a donné une âme aux films expressionnistes»(1)Rudolf Kurtz, Expressionnisme et cinéma, 1987, p.104, Siegfried Kracauer dit, tout au contraire : «L’inverse est aussi exactement vrai : dans ces films, l’âme était une source virtuelle de lumière. »(2)Siegfried Kracauer, De Caligari à Hitler : une histoire psychologique du cinéma allemand, 1973, p.81

Ces deux citations marquent bien l’opposition qu’il y a entre l’approche esthétique de Kurtz et l’analyse politique que Kracauer cherche à faire. Si pour le premier le travail avec la lumière constitue l’âme même des films, Kracauer voit l’éclairage comme une conséquence des dispositions psychologiques du peuple allemand et de la situation historique, marquée par la défaite et le chaos politique.