En 1952, Lotte H. Eisner, alors collaboratrice de la Cinémathèque française, publie son livre L’Ecran démoniaque. Emigrée de l’Allemagne nazie en 1933, la journaliste et critique de cinéma a rencontré Henri Langlois, cofondateur de la Cinémathèque française, en 1934.
Tout comme le livre de Siegfried Kracauer, autre émigré juif, L’Ecran démoniaque est marqué par l’expérience de l’exil et la question du rapport entre la tradition culturelle allemande et l’avènement du nazisme. Mais contrairement à Kracauer, Eisner ne cherche pas à tracer une ligne de Caligari à Hitler, tout au contraire, elle déclare vouloir écrire avant tout une histoire du style du cinéma de la République de Weimar. Elle se concentre volontiers sur un petit pourcentage de la production totale de l’époque, sur les films qui, pour elle, représentent cet âge d’or du cinéma allemand.