Wes Anderson sur le web, de A à Z

Delphine Simon-Marsaud - 1 avril 2025

Avec ses récits débridés et son style unique, le cinéma de Wes Anderson ne cesse de fasciner depuis le début des années 2000. Du grand écran au smartphone, ses films sont décryptés, ses personnages répertoriés, ses décors inventoriés. Tout un univers iconique, copié, détourné, une référence suprême et un véritable phénomène sur les réseaux sociaux - où l'esthétique du cinéaste est devenue une tendance absolue - réunis dans une revue du web en forme d'abécédaire.

Wes Anderson Type par Sara Enríquez

 


A – Accidentally Wes Anderson

D'un hashtag à la parution d'un livre, le phénomène viral d'une communauté de photographes du monde entier, qui célèbrent l'esthétique du cinéaste, à travers des clichés collectés sur un compte Instagram et sur un site.

B – Bottle Rocket

Le film de jeunesse qui lance la carrière du cinéaste (11' en anglais ST) est aussi l'un des préférés des années 90 de Martin Scorsese (son texte élogieux sur le site de Criterion). Wes Anderson et Owen Wilson posent les premières fondations de leurs carrières respectives, à lire dans les secrets de tournage de Numéro (mars 2025).

C – Couleurs

Des jaunes chauds de Moonrise Kingdom aux roses vibrants de The Grand Budapest Hotel, l'utilisation de la couleur par Anderson est plus qu'un simple choix stylistique. Partie intégrante de sa narration, la palette chromatique du cinéaste est décryptée dans The Ultimate Guide to Wes Anderson's Color Palette (texte en anglais) et dans un supercut en rouge et jaune. Quant aux tiktokeurs, ils ont leurs tutos.

D – Déco

Du papier peint au wagon du luxueux British Pullman, en passant par le mobilier des restos chics, comment les passionnés de décoration intérieure s'inspirent du style Anderson.

E – Every « Uh Huh »

Du titre d'un supercut qui compile les fois où les personnages d'Anderson expriment leur approbation sur un ton parfaitement impassible.

F – Famille

Chez Wes Anderson, la famille est toujours dysfonctionnelle, en commençant par les Tenenbaum, avec à sa tête le génial Gene Hackman en patriarche irresponsable (extrait). Mais c'est aussi celle que le cinéaste s'est forgée tout au long de sa carrière, auprès d'une troupe d'acteurs et d'actrices fidèles. En voici 13, chacun relié à ses films dans un shéma tout en couleurs.

G – Grand Overlook Hotel 

Pour le plaisir de revoir un mashup de Steve Ramsden, qui met en lumière la ressemblance de cadres entre Kubrick et Anderson.

Grand Overlook Hotel @ucdfilmsoc 

H – Head-on shot

Une prise de vue frontale dont raffole Wes Anderson, autant que les plans vus d'en haut : God's Eye View Shots.

I – IA

Une fausse bande-annonce, créée par une intelligence artificielle, présente la sortie du nouveau Star Wars réalisé par Wes Anderson. Bienvenue dans The Galactic Menagerie.

J – Japon

Kurosawa, Mifune, Hokusai ou Yoko Ono. Anderson parle des influences de L'Île aux chiens dans Vanity Fair. Les somptueux décors du film d'animation ont été conçus par la designeuse Erica Dorn, née au Japon, interviewée par L'ADN.

K – Kitsch

Décors rétro, artificialité assumée, extravagance et goût pour le recyclage des clichés : essai théorique sur l'esprit kitsch dans The Grand Budapest Hotel par Pierre Beylot, spécialiste du récit de fiction au cinéma.

L – Livres

Des pièces écrites par Margot Tenenbaum aux romans de Roald Dahl (analyse de Critikat), les livres hantent le cinéma du bibliophile Wes Anderson : petit inventaire vidéo. À noter que les livres (imaginés avec Roman Coppola) que Suzy emporte lors de sa fugue dans Moonrise Kingdom devaient être présentés sous forme de scènes d'animation, coupées au montage mais réunies dans un court film de 4'.

M – Miniatures

L'univers visuel méticuleux et stylisé d'Anderson doit beaucoup aux impressionnantes maquettes et miniatures de Simon Weisse. Créateur d'accessoires depuis Grand Budapest Hotel, il explique son travail dans How Wes Anderson uses miniatures pour Vox (9' en anglais ST).

Tiny Hand Painted Wes Anderson Sets
Diorama inspiré de À bord du Darjeeling Limited par l'illustratrice barcelonaise Mar Cerdà

 

N – The New Yorker

Conçu comme un hommage au prestigieux magazine américain, The French Dispatch s'inspire du monde de la presse écrite, made in France. Javi Aznarez en a dessiné les couvertures et les affiches, ainsi que le clip de la reprise d'Aline de Christophe par Jarvis Cocker.

O – Œuvres d'art

Les films d'Anderson sont truffés d'œuvres réelles ou fictives. De Jacques-Henri Lartigue à Egon Schiele, Beaux Arts Magazine décrypte quelques-unes de ses références artistiques.

P – Personnages

Excentrique, méthodique, surdoué, nostalgique... Il existe de nombreux traits qui rendent un personnage de Wes Anderson inoubliable. Les auteurs de Insidehook en ont classé 189 de Bottle Rocket à Asteroid City. Sans oublier leur esprit pince-sans-rire, à retrouver dans une infographie qui réunit personnage, look et réplique culte.

Wes Anderson characters

Q – Quand la musique est bonne

On peut réécouter Le Temps de l'amour de Françoise Hardy, Strangers des Kinks ou les reprises de Bowie par Seu Jorge, mais toutes les bandes originales de ses films sont bonnes : mixtape.

R – Rétro

Mais pourquoi et comment l'esthétique rétro du cinéaste est-elle passée du grand écran aux smartphones ? #WesAnderson, une tendance des réseaux sociaux, décryptée par Le dessous des images : Ma vie en mode Wes Anderson (11').

S – Symétrie

Que ce soit dans les plans ou dans la disposition des décors, une obsession autant qu'une marque de fabrique, à explorer dans une leçon de symétrie et de technique de montage selon Anderson (9' en anglais ST), ou à savourer dans un montage de 2'20.

T – Typographie

S'il voue une passion pour le lettrage Futura, le cinéaste fait aussi appel à plusieurs graphistes pour en inventer de nouveaux. À lire dans une petite histoire des polices de caractères de Wes Anderson et dans la typographie expliquée par The Grand Budapest Hotel.

U – Uniformes

Vestes en tweed et cravates club, survêtements et bonnets rouges, tenues de scout, policier, groom ou concierge. Chez le dandy texan (ici sous toutes les coutures), l'habit fait toujours le moine : GQ s'est penché sur son goût pour les uniformes.

V – Vidéo-club

Lieu originel de sa cinéphilie et l'occasion pour Konbini de l'interroger sur les films qui ont marqué son parcours. Références et influences compilées par Beyond the Frame dans un split screen documenté (2'40).

W – Wes' Worlds

Des mondes qui prennent vie grâce aux talents de décorateurs comme Adam Stockhausen (dans une passionnante leçon de 19' en anglais ST), Kevin Timon Hill (son site richement illustré), art designer de La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar (voir ses coulisses fabuleuses supervisée par Simon Weisse), avec lequel Anderson remporte le tout premier Oscar de sa carrière en 2024. Tout un univers célébré aux quatre coins du net. La page de The Wes Anderson Collection, par le critique Matt Zoller Seitz, en est l'un des meilleurs exemples (avec le son pour une immersion totale).

X – X-Men

Et si Wes Anderson avait réalisé X-Men ? C'est ce que s'est imaginé le youtubeur Patrick Willems.

Y – Robert Yeoman

Directeur de la photographie pour Gus Van Sant ou Coppola, Robert Yeoman éclaire les films de Wes Anderson depuis les origines. Dans cette vidéo, il évoque son métier et sa façon de travailler avec Wes Anderson.

Z – Zissou

Le plus célèbre océanographe du cinéma, Steve Zissou part en expédition pour traquer le requin jaguar dans La Vie aquatique. Portrait stylé (à lire en anglais) du héros vengeur et de la team Zissou, habillés par la costumière de Kubrick, multi-oscarisée : Milena Canonero, interviewée par Numéro en 2019. Zissou exprime un mélange d'ironie, de mélancolie et d'absurde, viscéralement incarné par Bill Murray. D'ailleurs, que serait le cinéma de Wes sans Bill ? La question est posée dans Rockyrama.

Le mot de la fin aux magiciens (Two Quotes. Zissou & Zizou)

Zissou a un lien presque magique avec la vie maritime. Il parle couramment le langage de la mer. Je n'ai jamais rencontré un tel garçon de toute ma vie.
- Lord Mandrake
Zizou est le joueur de football qui, dans ma vie, m'a procuré le plus grand nombre de frissons, de sensations fortes et de plaisir pur – un spectacle vivant qui se produit tous les jours. La meilleure description que j'ai jamais entendue de lui est celle de José Altafini : « La façon dont il utilisait son pied, c'était comme s'il étalait du beurre sur une tranche de pain ».
- Carlo Ancelotti (ancien footballeur italien)

 

La Vie Aquatique Cate Blanchett Bill Murray

 


Delphine Simon-Marsaud est chargée de production web à la Cinémathèque française.