Leçon de cinéma avec Russell Carpenter

Animée par Laurent Mannoni et Bernard Benoliel

 Russell Carpenter, né à Van Nuys, Los Angeles, s'exerce très jeune avec une caméra super 8. Il découvre, foudroyé, Persona d'Ingmar Bergman. Il entre au San Diego College ou le producteur Paul Marshall lui met dans les mains une caméra 16mm. Son premier film, expérimental, est tourné sur une montagne russe du parc d'attractions de Belmont Park : début d'une carrière marqué par les prouesses et les défis techniques.


Employé à la télévision, Carpenter rencontre le réalisateur Thom Eberhardt qui lui propose de filmer un long métrage de zombie à petit budget mais en 35mm, Sole Survivor (1984). Il s'initie alors vraiment à l'art du cinematographer, admirant notamment le style de Caleb Deschanel (avec qui il travaillera plus tard sur Titanic). Les tournages s'enchaînent, du premier film américain de John Woo (Hard Target, 1993) à deux Charlie's Angels (2000 et 2003), en passant par Parched, film féministe de Leena Yadav tourné en Inde pour quelques dollars (2015), sorti la même année que le blockbuster Ant-Man (2015) dont il signe aussi la photo.

La rencontre avec James Cameron est évidemment décisive. Cameron lui confie la photographie d'un film à gros budget, True Lies (1994), parce que le réalisateur, lui-même hyper exigeant, remarque que Carpenter est « très méticuleux », qu'il produit des images superbes, qu'il sait travailler en équipe, et « qu'il a les yeux qui brille quand il voit quelque chose qu'il aime ». Carpenter filme ensuite pour Cameron, en 70mm et en 3D, Terminator 2 3D (1996), destiné au parc d'attraction d'Universal.

Et le voilà embarqué sur l'énorme Titanic ! Une réplique du paquebot, de 260 mètres de long, est construite sur la côte mexicaine. Tourné en Super 35mm, Titanic (1997) regorge de prises de vues sous-marines, de trucages optiques et numériques mixant morphing, motion picture, maquettes, animation de caches, fond vert, motion control, compositing. Le tournage est difficile, mais on connait la suite : triomphe international, recettes dépassant 1,8 milliard de dollars. Russell Carpenter obtient un Oscar pour la photographie de Titanic.

Quant au deuxième Avatar, la Voie de l'eau (2020, Carpenter a signé aussi le troisième épisode dont la sortie est prévue en 2025), tourné en Performance capture et en 3D avec des outils révolutionnaires, c'est le premier film 4K en relief, en HDR (High Dynamic Range), en son Dolby Atmos et enfin en HFR (High Frame Rate), soit 48 images par seconde offrant des images d'une fluidité parfaite. C'est dire la complexité du tournage mais, comme le dit Cameron, « If the shoot's not exciting, the film's not going to be exciting ».
Laurent Mannoni


Laurent Mannoni est directeur scientifique du patrimoine à la Cinémathèque française. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur les débuts du cinéma et a été le commissaire d'une douzaine d'expositions.

Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.