Dino Risi, monstres & Cie
Conférence de Bernard Benoliel
9 septembre 2021
Dino Risi, qui aimait les aphorismes, a dit de lui-même : « Je suis un raté qui a réussi ». Un raté qui a signé, entre le début des années 1950 et les années 1990, une cinquantaine de films, des longs métrages (Une vie difficile, Le Fanfaron, La Marche sur Rome) et des sketches (Les Monstres, Moi, la femme, Les Nouveaux Monstres), souvent remarqués pour leur observation impitoyable des temps modernes et leur salutaire méchanceté. Servi par des acteurs ultra expressifs – Alberto Sordi, Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, venus en droite ligne des figures de la commedia dell'arte –, brossant des personnages faussement euphoriques et vraiment dépressifs, Risi n'aura cessé de faire signe à ses spectateurs, de leur tendre un miroir pour leur ouvrir les yeux dans le noir. Car en vrai mélancolique, il n'a jamais pensé que le monde allait en s'améliorant (Au nom du peuple italien) ni que le temps perdu pouvait se retrouver (Parfum de femme). Si bien qu'il voyait peut-être le cinéma – source de tant de chimères et illusions humaines (sa satire incessante de Cinecittà) – comme le seul moyen quand même de dire une vérité sur les images qui nous entourent et nous aliènent.
Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.