Fellini erratique
Conférence de Jean-Paul Manganaro
11 avril 2019
Depuis son premier film, Les Feux du music-hall (1950), jusqu'au dernier, La Voce della luna (1990), l'errance aura été un des thèmes majeurs de l'œuvre de Fellini : non seulement un thème, d'ailleurs, mais une structure autour de laquelle des significations se nouent, se déploient, s'expliquent. Ces significations sont tantôt narratives, tantôt politiques, mais surtout esthétiques et donnent un corps à la fois précis et flottant à la création. Si dans la première partie de l'œuvre – jusqu'à 8½ (1963) – ces errances sont présentées de manière explicite, dans la deuxième phase elles assument des valeurs plus abstraites, mais tout aussi tremblantes et inquiétantes. L'errance en tant que telle révèle aussi son caractère méditatif : elle n'est pas uniquement une forme d'égarement, mais plus encore une recherche d'absolu, de destination.
Jean-Paul Manganaro est professeur émérite de littératures italiennes contemporaines à l'université de Lille. Il a traduit de très nombreuses œuvres littéraires de l'italien en français : celles de Carmelo Bene, Italo Calvino, Pier Paolo Pasolini, Luigi Pirandello, Giuseppe Tomasi di Lampedusa, entre autres. Il a édité Carmelo Bene (1977) et Douze mois à Naples : Rêve d'un masque (Dramaturgie éditions, 1984) ; L'Ingénieur et le baroque : Essai sur l'écriture de C. E. Gadda (1994) et Italo Calvino, romancier et conteur (Seuil, 2000) ; François Tanguy et le radeau (2008), Federico Fellini : Romance (2009), Confusion de genres (2011), Cul in air (2014) et Liz T., autobiographie (P.O.L, 2015).