Sergio Leone : à la recherche du temps rêvé
Conférence de Jean-François Rauger

18 octobre 2018

Sergio Leone a révolutionné au cinéma la perception de l'espace et du temps. Il fabrique un espace particulier, à l'intérieur duquel les niveaux de réalité glissent les uns sur les autres, comme dévoilés par de coulissantes cloisons de papier, faisant de ses pistoleros des figurines plaquées sur des décors trop grands pour elles. Et en même temps, il empile de longs blocs de temps, un temps qui oscille entre l'étirement démesuré du moment (le final de Le Bon, la brute et le truand, l'ouverture d'Il était une fois dans l'Ouest) et un art de l'ellipse et de l'absence (Robert De Niro dans Il était une fois en Amérique). Depuis l'enfance et depuis l'Italie, Leone n'aura jamais cessé de rêver d'un continent, les États-Unis, et de son passé. Et en rêvant ainsi, il a prolongé pour ses spectateurs un songe à l'époque menacé d'extinction.


Jean-François Rauger est directeur de la programmation à la Cinémathèque française.