Andreï Tarkovski, la sphère des femmes
Analyse de Gabriela Trujillo
30 juin 2017
Dans le cinéma d'Andreï Tarkovski, certains personnages féminins semblent entièrement insolites, incompatibles avec le monde familier des hommes. Même s'il existe entre la sphère des hommes et celle des femmes une continuité du paysage, des animaux et des caractéristiques ordinaires des choses, les femmes oscillent toujours entre la norme et le miracle, entre le trop familier et l'inconcevable, entre le visible et l'invisible. [Les femmes sont d'une autre matière, elles ne se déplacent pas de la même façon, n'ont plus les mêmes propriétés. Elles ont subi, en entrant dans l'univers du cinéaste, une mystérieuse transformation. Elles appartiennent souvent à un registre d'image différent, et pourtant elles tiennent du monde réel les éléments qui les composent. Quelle est cette thermodynamique des femmes ? Parmi tous les prodiges que l'on trouve dans l'œuvre du cinéaste, pourquoi les femmes n'obéissent-elles pas aux mêmes lois physiques que les hommes ? Et d'abord, qui sont-elles ?
Docteure en cinéma, critique, ancien professeur à l'École du Louvre et à la New York University, Gabriela Trujillo est spécialiste des avant-gardes latino-américaines et européennes. Elle travaille à l'action culturelle de la Cinémathèque française.