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Nouvelle numérisation.
Après la réussite de Deep End (1970) et Roi, Dame, Valet, une adaptation de Nabokov (1972), Jerzy Skolimowski tourne une troisième fois en Angleterre. Il investit cette fois-ci la région traditionnelle du Devon pour cette histoire adaptée d’une nouvelle de Robert Graves, dont il fait d’ailleurs l’un des personnages, incarné ici par Tim Curry (Rocky Horror Picture Show). Produit par Jeremy Thomas, Le Cri du sorcier est probablement l’un des films les plus singuliers du cinéaste polonais, laissant le spectateur groggy, comme manipulé, à l’instar d’Anthony et Rachel, le couple du film, par Crossley, le sorcier au cri qui tue.
Comme dans Deep End, la dimension picturale du film est prégnante (Skolimowski est aussi peintre) à travers les couleurs, qu’il s’agisse des grands aplats verts de la campagne anglaise, ou de la manière d’investir la maison du film, ses enfilades de portes, son goût de la perspective, et bien sûr les références assumées à Francis Bacon (reproductions de tableaux ou de postures, Rachel reprenant lors d’une scène une posture de la toile Paralytic Child Walking on All Fours). Le trio d’acteurs est intense : Alan Bates confirme son incroyable présence physique, de son corps massif à cet incroyable cri ‒ doublé par Skolimowski lui-même ; John Hurt connaît ici l’un de ses premiers vrais grands rôles après seize ans de travail au cinéma ; Susannah York confirme un jeu tout en subtilité et ambiguïté qu’elle déclina dans de nombreux films (Altman, Aldrich, Pollack, etc.).
Le Cri du sorcier bénéficia de la création sonore imaginée par Tony Banks et Mike Rutherford, alors membres du groupe Genesis, et fut l’un des tout premiers à utiliser le système Dolby : pas moins de quarante pistes sonores ! Présenté au Festival de Cannes en 1978, le film obtint le Grand Prix du Jury.
Bernard Payen