Holy Motors

samedi 8 février 2014, 14h30

Salle Henri Langlois

14h30 18h25 (235 min)

Leos Carax
France-Allemagne / 2012 / 115 min

Avec Denis Lavant, Édith Scob, Eva Mendes, Michel Piccoli.

De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie et de rôle en rôle.

Leos Carax, cinéaste discret, perfectionniste, a réalisé cinq longs métrages en trente ans de carrière et aura attendu treize ans après Pola X pour tourner Holy Motors. Le récit suit M. Oscar, dans sa limousine, durant une journée de travail. Chacun de ses rendez-vous donne lieu à une transformation physique et spirituelle de l'homme, et avec elle, un nouveau rôle à jouer, une nouvelle fiction à vivre. Denis Lavant, avatar fictionnel et fidèle du cinéaste – il l'accompagne à cinq reprises –, est transfiguré par ses multiples compositions, sidérant et insaisissable. Édith Scob, qui interprète son chauffeur, est impassible et impériale. Chaque saynète constitue une exploration de l'âme humaine autant qu'une étude de différents genres cinématographiques : burlesque, polar, comédie musicale, science-fiction, drame intimiste, fantastique... Le récit en chausse-trapes suit la logique intuitive et poétique d'un rêve. À la photographie, Caroline Champetier apporte une contribution artistique déterminante dans la beauté plastique fulgurante de l'œuvre. Fragments d'un discours amoureux sur le cinéma, autoportrait d'un artiste, métaphore de la condition humaine, démystification de la machine cinéma, métafiction sur le métier d'acteur, poème en prose... Holy Motors est un film-somme dont chaque spectateur se fait l'interprète, et qui vérifie l'adage philosophique d'Oscar Wilde sur la vérité des masques, artifices qui révèlent plus qu'ils ne dissimulent.

Samuel Petit

Tourné avec une caméra numérique Red Epic, Holy motors a fait l'objet de différentes techniques de manipulation numérique de l'image, dont celle du datamoshing, par laquelle le paysage se liquéfie et devient une image abstraite, et celle de la motion capture, en lien ici avec les images chronophotographiques d'Étienne-Jules Marey.


120 min

« Le cinéma est le seul art à n'être fait que de lumière. L'impression, la projection, la réflexion sont lumineuses. (...) Dans une vision plus spirituelle, le cinéma se doit d'éclairer quelque chose, quelqu'un, quelque part. Il ne s'agit pas d'éclairage mais de lumière. Celle-ci vient du plan lui-même tandis que l'éclairage cerne le plan. L'éclairage est la pratique du directeur de la photographie : une mise en place lumineuse certes, mais dramatisante, anecdotique (pas dans un sens péjoratif), soumise au récit, à la narration. La lumière échappe à cela : elle est le fait de la mise scène. Elle marque l'échappée du narratif vers l'émotion, elle retourne le sens, elle révèle. » (Caroline Champetier)

Rencontre animée par Bernard Benoliel et Céline Bozon.


Caroline Champetier est directrice de la photographie. Elle a travaillé notamment avec Jean-Luc Godard, Claude Lanzmann, Jacques Doillon, Philippe Garrel, Léos Carax, Xavier Beauvois, Amos Gitai, Nobuhiro Suwa et Margareth Von Trotta. Elle a présidé l'AFC de 2009 à 2012. Depuis 2012, elle supervise les restaurations du catalogue Why Not.

Céline Bozon est directrice de la photographie.

Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.