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L'Homme de Londres est un film miraculé, repris au néant où aurait dû le plonger le suicide en cours de route de son coproducteur Humbert Balsan et l'interruption de deux ans qui s'ensuivit. Avant-dernier film de Béla Tarr, il est aussi le plus singulièrement déterritorialisé, celui dont le jeu de références croisées brouille le plus la carte géographique. Adaptée d'un roman de Simenon, son intrigue criminelle est transposée de Normandie en Corse, refondue dans la prose saturnienne du scénariste László Krasznahorkai, et interprétée par un casting international, doublé par des voix françaises et anglaises (dont celle, grésillante, de Michael Lonsdale). Tournée dans le vieux port de Bastia, cette fable désenchantée et « nocturne » en noir et blanc repose sur son décor composite et hors du temps, qui contient tout le drame, à partir duquel le cinéaste construit une fascinante mise en scène panoptique. Maloin, veilleur portuaire, assiste à un meurtre dont il récupère le butin, sans pouvoir se défaire ensuite de la présence furtive du criminel traqué, auquel s'attache une mauvaise conscience diffuse. En vingt-huit plans-séquences, Béla Tarr décrit non seulement les répercussions affectives de cet acte (une série de dérèglements dans une quotidienneté maussade), mais surtout l'identification secrète entre les deux hommes, qui se retrouvent sur le terrain de la proscription. Entre eux passe en effet quelque chose : une malédiction, qui n'est jamais pour Béla Tarr que l'autre nom de la condition humaine.
Mathieu Macheret