Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Premier long métrage de Pier Paolo Pasolini : nouveaux corps, nouvelle langue, nouveaux lieux. Essai d'une modernité archaïque. (Frédéric Bonnaud)
Accattone, premier film de Pasolini, qu'il réalise à presque quarante ans, est le résultat de la lente maturation d'une expérience personnelle et d'une passion qui le tient depuis l'enfance, le cinéma. Fuyant le scandale, il s'est installé, démuni, dans la misérable banlieue de Rome, les « borgate », où il vit de 1950 à 1954. Pasolini s'immerge pleinement dans ces quartiers où voisinent maisonnettes, taudis et terrains vagues. Il y rencontre Sergio Citti, son « dictionnaire ambulant », qui l'initie à la langue des voyous romains et sera le dialoguiste du film, et dont le frère Franco, inoubliable Accattone, deviendra l'un des acteurs fétiches. Les « borgate » lui inspirent d'abord des articles, puis son roman Ragazzi di vita, censuré pour pornographie. Quant au cinéma, Pasolini s'y introduit pas à pas, de façon détournée, en écrivant des critiques et des scénarios (pour Bolognini notamment). Il signe également les commentaires de deux documentaires de Cecilia Mangini dont Ignoti alla città, inspiré de son propre livre. Avec son budget minimal, ses acteurs locaux, Accattone porte en lui l'énergie et l'urgence d'une œuvre arrachée à l'adversité, après le désistement brutal de Federico Fellini. Film réduit à l'os et pourtant traversé de lyrisme, il dresse le portrait d'un quartier, d'un voyou aussi irritant que sympathique, aussi pitoyable que lumineux.
Wafa Ghermani