Santa Brigida

jeudi 26 janvier 2006, 21h00

Salle Henri Langlois

21h00 23h00 (120 min)

Roberto Rossellini
Suède / 1952 / 9 min

Avec Ingrid Bergman.

Film suédois, commandé par l'organisation caritative Rädda Barnen ('Save the Children'),qui  montre Ingrid Bergman aider les religieuses à trier les vêtements, les chaussures, les couvertures pour les enfants.

Scènes coupées, sans son, d'un film de commande suédois, imaginé par l'organisation caritative Rädda Barnen. Rossellini filme Ingrid Bergman dans l'aide minutieuse apportée aux religieuses pour trier les vêtements, les chaussures et les couvertures pour les enfants.


Europe 51 Europa '51
Roberto Rossellini
Italie / 1951 / 110 min

Avec Ingrid Bergman, Ettore Giannini, Alexander Knox.

À la mort de son fils, une riche bourgeoise décide de consacrer sa vie aux déshérités.

Le Grand Prix de la Mostra de Venise en 1952, une imposante critique sociale, qui s'inspire de François d'Assise et son rejet du luxe. Imaginée comme un alter ego du cinéaste, son héroïne – incarnée par sa propre femme, Ingrid Bergman, Coupe Volpi de la meilleure actrice – se reconnecte à la réalité d'un état fracturé. Issu d'une famille bourgeoise, Rossellini témoigne de cette réflexion personnelle dans le poignant récit d'une Passion, attaché à dépeindre la société d'après-guerre et ses conséquences avec un sens de l'épure saisissant.

Qu'est-ce que la mort d'un enfant, sinon le symptôme d'une société malade, qui fonce droit dans le mur ? Quatre ans après Allemagne année zéro, où le suicide d'un jeune garçon nous laissait au bord du gouffre, Roberto Rossellini, pour son second film avec Ingrid Bergman, sonde le même vertige avec une ambition renouvelée : établir un état des lieux critique de la civilisation occidentale, six ans après une Seconde Guerre mondiale qui semble ne rien avoir changé à ses réflexes inégalitaires. Cette détresse qu'Irene n'a pas voulu voir à temps chez son fils suicidé, est précisément celle, mais à une autre échelle, qu'elle retrouve dans les faubourgs misérables de Rome. Ici ou là, il s'agissait simplement d'ouvrir les yeux. Prenant le parti des déshérités (mères célibataires, prostituées, malades, assassins), Irene se défait de son être bourgeois cloisonné, pour atteindre par des voies laïques à une forme de grâce, inspirée par l'expérience mystique de Simone Weil. Comme dans Stromboli (1950), le cheminement de l'héroïne prend la forme d'un itinéraire moral, dont les étapes s'écrivent sur le visage chamboulé (filmé sans maquillage) de l'actrice. Mais le propos de Rossellini concerne également la réaction du bloc bourgeois (famille, clergé, médecine), qui, face à un tel don de soi, décrète la folie d'Irene, sentant bien qu'elle pointe quelque chose de son illégitimité. Cri de colère et bréviaire de rébellion sociale, Europe 51 est bien plus qu'un chef-d'œuvre : un phare dans la nuit.

Mathieu Macheret