Inside Llewyn Davis

mercredi 16 octobre 2013, 20h00

Salle Henri Langlois

20h00 21h45 (105 min)

Ethan Coen, Joel Coen
États-Unis-France-Luxembourg / 2013 / 105 min / DCP / VOSTF

Avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake, John Goodman.

Le parcours d'un musicien folk malchanceux dans le New York des années 1960.

« Je n'ai pas voulu faire un film d'époque, encore moins utiliser une vieille caméra ou du Kodachrome pour singer le New York sixties. Ç'aurait été idiot. Ce qui était important, c'était l'ambiance. Et l'ambiance d'Inside Llewyn Davis, c'était la tristesse. » Dès les premiers plans, l'extraordinaire travail de Bruno Delbonnel à la photographie teinte le dix-septième film des Coen d'une nuance hivernale et chagrine, qui semble s'étendre au derme même des personnages. Blêmes, tous portent le fardeau d'une vie de débrouille, d'échecs successifs et de radiateurs en rade. La lose, chez les Coen, est souvent affaire de forme : suintante pour Barton Fink, glaciale dans Fargo, elle est ici d'un gris laiteux qui donne au film un rythme gourd, aussi gelé que les doigts de Davis, qui ne semblent s'animer que lorsqu'il est sur la scène d'un bouge quelconque. Oscar Isaac, dont c'est le premier grand rôle, porte haut les couleurs de l'échec – c'est même pour tout dire l'un des plus beaux perdants de la longue lignée de losers dessinée par les frères Coen depuis quarante ans. John Goodman, Carey Mulligan et Adam Driver, chacun à leur manière incarnations des vaincus du folk et du jazz des années 1960, sont au diapason du film, le plus musical, et peut-être le plus émouvant, du duo. Une folk song mélancolique, souvent drôle, à la gloire des musiciens bohèmes qu'une tornade armée d'un harmonica, d'une guitare sèche et d'une voix nasillarde allait finir par reléguer dans les marges de l'histoire.

Xavier Jamet