Folies de femmes

mercredi 16 janvier 2013, 21h15

Salle Henri Langlois

21h15 23h15 (117 min)

Accompagnement musical par Camille El Bacha.

Pianiste interprète, improvisateur et compositeur, Camille El Bacha commence le piano à l'âge de huit ans. Successivement formé par Edda Erlendsdóttir, Romano Pallottini, Olivier Gardon et Billy Eidi, il a développé son propre langage musical dans la classe d'improvisation au piano de Jean-François Zygel au Conservatoire de Paris. Titulaire d'une licence de piano et d'un master d'improvisation, il a également obtenu un prix d'harmonie et un prix d'analyse après avoir suivi les cours de Fabien Waksmann et de Yves Balmer au CNSMDP. Invité à des festivals tels le Festival Chopin au Parc de Bagatelle, Le Monde Festival au Théâtre des Bouffes du Nord, La semaine du son à Flagey (Bruxelles), Piano Passion à l'Opéra de Saint-Etienne et bien d'autres, Camille El Bacha se produit régulièrement en ciné-concert, notamment à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et à la Cinémathèque Française. Son expérience comme compositeur de musique à l'image l'a amené également à collaborer avec Arte, France télévision et, plus récemment, avec le cinéma français contemporain.


Folies de femmes Foolish Wives
Erich von Stroheim
États-Unis / 1922 / 117 min

Avec Erich von Stroheim, Maude George, Mae Busch.

Aidé de ses deux complices féminines, Karamzin, faux aristocrate russe, s'installe à Monte-Carlo pour escroquer les casinos avec de faux billets, et tente de séduire la femme de l'ambassadeur des USA.

Folies de femmes, c'est la troisième réalisation d'Erich von Stroheim, le début de sa légende et de ses ennuis avec Irving Thalberg, le directeur de production d'Universal ; une œuvre d'une longueur alors inconnue, raccourcie d'autorité, amputée, réduite à quelque deux heures au lieu des six ou dix imaginées. Au vu de ce qu'il reste et cent ans après leur avènement, le film et son personnage principal parviennent encore à impressionner. Un personnage qui a tout d'un stigmate, celui d'une guerre monstrueuse accouchant d'une monstrueuse après-guerre. Folies de femmes, précis de décomposition, équivaut en cinéma au réalisme expressionniste du peintre Otto Dix, et le comte Karamzin (Stroheim) au chef-d'œuvre d'une époque morbide. Fabuleuse création que ce « comte », créature satanique rêvant de régner sur un pandémonium aux dimensions de Monte-Carlo. Et bien sûr, Folies de femmes est resté célèbre pour un décor (et un budget) défrayant la chronique de son temps, au point qu'on jurerait un film à la Griffith s'il ne ressemblait à son envers, le mélo épique remplacé par sa satire. Stroheim va si loin dans la reconstitution de ce quartier de Monaco que son réalisme, poussé à un paroxysme, se retourne et dévoile le leurre. Comme la Côte d'Azur dans La Main au collet d'Hitchcock (1955), autre cinéaste du monumental, Monte-Carlo apparaît non dans sa réalité mais dans sa vérité, immense façade de studio, festival du trompe-l'œil, lieu du faux : faussaires, identités costumées et fardées, amabilités faisandées du théâtre social et simili romantisme, jusqu'aux larmes du comte quand il extorque à sa servante ses maigres économies dans une scène d'anthologie. Et derrière la façade, un monde de pulsions.

Bernard Benoliel

Restauration par le San Francisco Silent Film Festival, à partir d'une copie nitrate 35 mm de la Cineteca italiana de Milan, et d'une copie 35 mm du Museum of Modern Art de New York. Teintages et virages réalisés selon les conventions de colorisation d'Universal de l'époque. Pour réaliser les effets colorisés à la main, les équipes se sont référé à des revues contemporaines et à un article de presse spécialisée écrit par le coloriste d'origine, Gustav Brock.