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Le sertão, immense territoire aride du Nordeste brésilien, est le théâtre choisi par Glauber Rocha pour son deuxième long métrage, tout à la fois western, chanson de geste, Kammerspiel de plein air, carnaval halluciné avec lequel le jeune critique et cinéaste bahianais entreprend de révolutionner la vision que son pays démesuré a de lui-même. Le lieu n'est pas pris au hasard. Pour Rocha, la faim, l'injustice et la violence qui règnent sur le sertão de 1940 sont toujours la seule vérité qui vaille d'être criée au Brésil de 1960. Le bouvier Manuel et sa femme Rosa sont en fuite après avoir perdu le presque rien auquel ils s'accrochaient. Dans sa débâcle, Manuel reste mû par un besoin d'espoir apparemment indéracinable. Il se jette aux pieds du mystique Sebastião, le dieu noir du titre, un prêcheur vivant perché avec ses fidèles sur un mont d'où il guette jusqu'au délire une terre promise et un grand renversement – sertão devenant mer, mer devenant sertão. Plus loin, Manuel se jette pareillement aux pieds du chef de bande Corisco, le dernier cangaceiro, diable blond possédé par le souvenir de l'épopée vengeresse de Lampião contre les propriétaires tout-puissants. Mais voyez : une blancheur calcinante ronge à même l'écran ciels et paysages pour faire savoir que, sous ce soleil, tout ce qui se pare de dualité – dieu, diable, mer, sertão – est un leurre, que tout recommencera dans la violence. Une ombrageuse figure tire son épingle dialectique du jeu : Antônio das Mortes, le tueur à gages, que Rocha fera revenir cinq ans plus tard. En 1964, Le Dieu noir et le Diable blond frappe comme un coup de tonnerre. L'âge de l'auteur ? 24 ans.
Nicolas Le Thierry d'Ennequin