I Was a Communist for the FBI

jeudi 4 février 2010, 17h00

Salle Henri Langlois

17h00 18h25 (83 min)

Gordon Douglas
États-Unis / 1951 / 84 min
D'après l'article I Posed As a Communist for the FBI de Pete Martin.

Avec Frank Lovejoy, Dorothy Hart, Philip Carey.

Matt Cvetic infiltre le Parti communiste pour le compte du FBI. Sa famille, ignorant qu'il mène une double vie et le pensant sincère, le méprise pour ses convictions.

Après la fin du second conflit mondial, alors qu'une guerre froide entre les blocs allait durablement s'installer, Hollywood a contribué à entretenir la propagande anti-communiste, tout à la fois par conviction mais aussi afin de donner des gages aux forces politique de droite, qui menaçaient de s'en prendre à l'industrie du divertissement au nom de la croisade contre les « Rouges ».

I was a communist for the FBI participe de ce courant, sorte de sous-catégorie du film d'espionnage, assimilant tout membre du Parti communiste à un agent secret au service de l'URSS, tandis qu'une voix off éduque itérativement les spectateurs sur les ruses et méfaits du péril rouge. Tourné pour la Warner Bros., le scénario est basé sur le témoignage d'un agent du FBI qui avait infiltré le parti en se faisant passer pour un militant convaincu. Le film se place donc délibérément du coté du mouchard, devenu une sorte de martyre, méprisé par sa famille et son entourage, qui le croient communiste, et contraint de confirmer un engagement politique qu'il ne fait que contrefaire. La réalisation est signée Gordon Douglas, remarquable cinéaste qui réussit ici, le temps de quelques séquences, à dépasser la rusticité bornée de son propos par un art de la mise en scène au service d'une rapidité du récit, d'une action rapide et brutale dynamisée par une certaine élégance plastique (cf. la poursuite finale dans la gare de Pittsburgh), confirmant et soulignant en même temps, non sans ironie peut-être, la paranoïa générale. Les communistes du film se comportent comme des gangsters qui ne croient pas un mot de ce qu'ils professent et se signalent par leur cynisme et leur mépris des ouvriers (« les ouvriers resteront toujours des ouvriers ») et des minorités qu'ils ne défendent que pour la façade. Ils semblent n'être motivés que par le moment où, après avoir pris le pouvoir, ils pourront en gouter les fruits sous la forme d'un accès libre au champagne et au caviar.


Jean-François Rauger