Avec Chow Yun-fat, Danny Lee, Sally Yeh.
Après avoir accidentellement rendu aveugle une jeune chanteuse, un tueur à gages accepte une dernière mission pour financer son opération. En guise d'hommage à Melville et Scorsese, John Woo livre une œuvre lyrique aux personnages tragiques, engagés dans un code d'honneur et une loyauté inébranlables. Un spectacle virtuose, qui a influencé Tarantino.
Quatorzième long métrage de John Woo, The Killer est le film qui a révélé le cinéaste hongkongais au monde entier. Héritier de Jean-Pierre Melville autant que de Jacques Demy, Woo compose un polar où fusionnent les contraires : le mélodrame et l'objet postmoderne, la parodie et l'innocence − et, par tout un tas d'effets signature, la contemplation devient ici un moment de l'action. Le film est aussi la troisième (sur quatre) collaboration avec l'acteur Chow Yun-Fat, lancé dans un ballet tragique avec son double Tony Leung. Le cinéaste élabore sur le corps de son acteur un jeu de collages et de réminiscences : ici un bout de Cary Grant, là un air de Delon. Beauté des acteurs vides. — M. Joudet
Murielle Joudet est critique de cinéma au Monde, elle anime une émission d'entretiens sur le site Hors-série. Elle a publié Isabelle Huppert : vivre ne nous regarde pas (Capricci, 2018) et Gena Rowlands : on aurait dû dormir (Capricci, 2021). Elle a aussi écrit La Seconde Femme, un essai sous-titré : Ce que les actrices font à la vieillesse (Premier parallèle, 2022) ainsi qu'un livre d'entretien avec Catherine Breillat, Je ne crois qu'en moi (Capricci, 2023).