Trois pour un massacre

vendredi 21 novembre 2025, 18h30

Salle Georges Franju

18h30 20h45 (132 min)

Giulio Petroni
Italie / 1968 / 132 min / DCP / VOSTF

Avec Orson Welles, Tomas Milian, John Steiner.

Sur le point d'être exécuté par les sbires du colonel Cascorro, le révolutionnaire mexicain Tepepa est sauvé par un étrange gentleman anglais. Rare incursion d'Orson Welles dans un « western zapata », signé de l'un des meilleurs scénaristes de cinéma politique, Franco Solinas. Vengeance et luttes de classes, sur une partition d'Ennio Morricone, et un western du genre à redécouvrir.

Il est de notoriété publique qu'Orson Welles est apparu dans de nombreux films pour, essentiellement, toucher les cachets qui lui permettaient de rembourser ses dettes et maintenir son train de vie. Sa filmographie comme acteur nous semble, aujourd'hui encore, souvent extravagante, diversifiée, improbable et ludique à la fois. Welles compose ainsi un personnage haut en couleur dans Trois pour un massacre, réalisé en 1968 par Giulio Petroni.
Le scénariste en est Franco Solinas, membre du PCI, qui avait révolutionné le western transalpin en le transformant en métaphore politique. L'heure est à l'anti-impérialisme et le Mexique insurgé devient le symbole d'un tiers monde en lutte. Tomás Milián y incarne un chef révolutionnaire. Pour lui, le film, « loin de la typologie du western, a été quelque chose de neuf et d'important ». Et puis, il y a Welles dans le rôle du cruel colonel Cascorro. Si Petroni a témoigné de l'humilité et du professionnalisme d'un acteur que tout le monde craignait, Milián, en revanche, s'est senti défié par le monstre sacré américain. Il s'est souvenu du premier jour de tournage avec lui. À la question de savoir où il devait se placer pour donner la réplique à Welles, celui-ci aurait répondu : « N'importe où pourvu qu'on ne voie pas ta tête ». Et il ne l'aurait appelé que « le Cubain » durant toute la durée du tournage. En dehors de ces considérations d'egos d'acteurs, le film restera véritablement un des meilleurs du genre. Solinas avait écrit un scénario subtilement dialectique autour de la question de la violence armée. Trois pour un massacre renvoie explicitement à une généalogie politique qui fut cruciale alors en Italie, celle de la révolution interrompue (trahie ?) de 1945, conçue comme un spectre qui hantera longtemps le pays.

Jean-François Rauger