Avec Gene Hackman, Anjelica Huston, Ben Stiller.
Modèle de la famille dysfonctionnelle dans l'œuvre d'Anderson, les Tenenbaum, lignée de génies notoires, portent le poids de deux décennies d'échecs, de névroses et de rancœurs personnelles. Le retour inattendu du paternel (Gene Hackman au centre d'une distribution de luxe) provoque une série de confrontations au sein de la tribu décomposée. Avec l'art d'emballer les émotions dans de petits gestes et détails, qui constituent depuis sa marque de fabrique, Anderson signe un film dense, jubilatoire, dont les multiples visionnages ne ternissent jamais l'incroyable mélancolie qui s'en dégage.
La Famille Tenenbaum, troisième long métrage de Wes Anderson, est le premier film où l'auteur réunit à la fois ses thèmes et obsessions (la famille, l'immaturité, l'insatisfaction, la mort) et les formes essentielles à son univers (ordre et symétries, musiques en cinéma, prolongement imaginaire du monde réel, alternance de montage cut et de plan séquence, de drame et de comédie). Avec cette histoire en deux époques centrée sur le destin de trois enfants hors du commun devenus des adultes incomplets, Wes Anderson crée un univers esthétique et mental proche de J. D. Salinger auquel les adolescents de tous les âges restent à jamais attachés. — Marc Cerisuelo
Marc Cerisuelo est enseignant en histoire et esthétique du cinéma à l'université Gustave Eiffel. Il est aussi collaborateur régulier des revues Critique et Positif. Il a notamment écrit Lettre à Wes Anderson publié chez Capricci (2016).
Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.