Never Fear

dimanche 20 juillet 2025, 14h30

Salle Georges Franju

14h30 16h55 (141 min)

Ida Lupino
États-Unis / 1950 / 81 min / DCP / VOSTF / Version restaurée

Avec Sally Forrest, Keefe Brasselle, Hugh O'Brian.

Galop d'essai de la cinéaste, Never Fear aborde une question de société brûlante – la polio, mal alors incurable – dans un drame qui marie romance classique et didactisme de bon aloi. Elle-même atteinte de la maladie, Ida Lupino insuffle à son film une folle énergie, dont les plus belles scènes annoncent la poésie noire du Voyage de la peur.

Après plus de quinze ans d'une carrière d'actrice qui l'aura vue arpenter les plateaux de Raoul Walsh, Allan Dwan, Henry Hathaway ou Michael Curtiz, Ida Lupino commence à sérieusement s'ennuyer : « Je tournais en rond, me demandant ce que je faisais là à attendre, pendant que quelqu'un d'autre s'occupait de tout le travail intéressant. » Avec son mari, elle monte une société de production indépendante (The Filmmakers), fait ses armes en remplaçant un cinéaste au pied levé (Elmer Clifton, victime d'une crise cardiaque sur le tournage d'Avant de t'aimer) pour finalement réaliser son vrai premier film en 1950. Galop d'essai d'une courte carrière de cinéaste (sept long métrages), Never Fear aborde une question de société alors brûlante ‒ la polio ‒, comme le feront la plupart des productions The Filmmakers. Film parfois quasi documentaire, ce drame édifiant marie une romance classique à un didactisme de bon aloi. La poliomyélite est une terra incognita pour la société américaine, effrayée par cette maladie alors incurable, et le film a les vertus pédagogiques d'un certain cinéma américain d'après-guerre. Mais Ida Lupino, qui a été à bonne école ‒ celle de Walsh ‒ évite la plupart des pièges du film dossier. Dès les premiers plans, elle trouve le ton juste, une forme d'équilibre que son héroïne, au fil d'une longue rééducation, cherchera en parallèle à recouvrer. Elle-même atteinte de la maladie, Ida Lupino insuffle à son film une folle énergie, incarnée par la formidable Sally Forrest. Ses plus belles scènes (la mutilation d'un autoportrait en terre glaise, une chorégraphie en fauteuil roulant) annoncent la poésie noire du Voyage de la peur (1953).

Xavier Jamet

Film également connu en France sous le titre Faire face. Conservé et restauré par le MoMA, avec le soutien financier du fonds de conservation Celeste Bartos.


Dialogue avec Yola Le Caïnec
Animé par Isaac Gaido-Daniel
60 min

Never Fear, deuxième long métrage de l'actrice Ida Lupino, est le film qui la confirme comme réalisatrice, la seule dans le Hollywood des années 1950. À l'écart du système des studios dominants, elle démontre sa capacité à faire œuvre : Never Fear est d'une certaine façon la suite d'Avant de t'aimer, et témoigne de l'aspect personnel de sa mise en scène puisqu'elle raconte, précisément et librement, un épisode de sa propre jeunesse lors de son arrivée aux États-Unis en 1934. — Yola Le Caïnec


Yola Le Caïnec est professeure agrégée de français enseignante en classes préparatoires, lettres, philosophie et cinéma à Rennes. Elle a écrit une thèse sur Le féminin dans le cinéma de George Cukor (1950 à 1981) à l'Université Paris 3 et publiera prochainement un ouvrage intitulé Lupino Tour.

Isaac Gaido-Daniel travaille à l'action culturelle à la Cinémathèque française.