2019, après la chute de New York

vendredi 21 mars 2025, 19h00

Salle Georges Franju

19h00 20h35 (95 min)

2019, après la chute de New York 2019: Dopo la caduta di New York
Sergio Martino
Italie-France / 1983 / 95 min / 35mm / VF

Martin Dolman = Sergio Martino

Avec Michael Sopkiw, Valentine Monnier, George Eastman.

Enlevé et trépidant mélange d'horreur, de science-fiction et d'aventures, 2019, après la chute de New York est une fiction post-apocalyptique regorgeant de trouvailles diverses, absurdes et déjantées, où mutations fatales et ruines symbolisent le crépuscule du cinéma bis italien. Un melting-pot toujours d'actualité dans Atomic Cyborg, qui voit un homme-machine, adepte du kung-fu et sosie de Ken le Survivant, tenter de sauver une société en proie au chaos, à grands coups de bras de fer et de crânes défoncés à mains nues.

Le cinéma populaire transalpin s'est souvent inspiré de succès anglo-saxons pour en réaliser des versions bon marché dont l'excentricité et le maniérisme constituent véritablement le prix. La réalisation de 2019 après la chute de New-York est signée Martin Dolman, pseudonyme du productif Sergio Martino. Avec son Atomic Cyborg, ce sera l'ultime tentative de certains producteurs italiens de mystifier un public désormais gavé de productions américaines alors que l'industrie transalpine était en train de suivre une pente fatale, celle qui allait la mener à la disparition d'une certaine manière de faire des films et d'un certain rapport au cinéma.
Les modèles qui ont engendré 2019 après la chute de New-York, sont, de l'aveu même de son auteur, New-York 1997 de John Carpenter et Blade Runner de Ridley Scott (le thème du réplicant). Alors que la terre, infectée par des radiations atomiques, n'est plus habitée que par des individus stériles, un aventurier, que son nom, Parsifal, renvoie à la mythologie Arthurienne, (c'est l'américain Michael Sopkiw repéré dans une agence de mannequin de Milan qui tient le rôle) est chargé de retrouver l'unique femme fertile, dans l'hypothèse de ressusciter et revitaliser une humanité malade et en voie de disparition. Le film a été tourné en partie dans le désert du Nevada, dans les faubourgs de New-York, des grottes proches de Rome et bien sûr dans les studios de la capitale italienne pour les scènes d'intérieur. L'usage de maquettes et de modèles réduits en accroit la dimension poétique. Le directeur artistique Antonello Geleng a utilisé des cageots de fruits récupérés sur un marché romain pour figurer les gratte-ciels de Manhattan et arrière-fond. Signé du prolifique et érudit Ernesto Gastaldi (qui retrouve le pseudonyme de sa jeunesse, Julian Berry), le film se réduit à une sorte d'odyssée mouvementée au cœur d'un univers et de décors « du futur » que la minceur du budget renvoie en fait à des sensations strictement contemporaines quoiqu'un peu étranges (une véritable laiterie industrielle, un authentique cimetière de voitures, un dépotoir d'autobus déglingués, une carrière des environs de Rome). Il se distingue aussi de ses « équivalents » hollywoodiens par une violence et une trivialité proprement réjouissantes, une énergie de bande dessinée où l'on sauterait continuellement d'un univers morbide à l'autre, en passant par des souterrains peuplés de mutants pustuleux et d'hommes-singes priapiques.

Jean-François Rauger