Initialement envisagée comme une ample fresque de trois heures par Luchino Visconti, l'adaptation du roman éponyme de Vasco Pratolini échoit finalement à Lizzani, qui fait de cette évocation de la montée du fascisme en 1925 une chronique chorale, plus intimiste, principalement cantonnée au petit théâtre d'une rue de Florence admirablement reconstituée en studio. Au mitan du film, lors d'une impressionnante scène de chasse à l'homme nocturne, Lizzani quitte définitivement les rivages du néoréalisme. Sa mise en scène s'empare de la ville, se fait plus sophistiquée, expressionniste. Le récit, plus romanesque. Un cinéaste est né, et avec lui un grand film.