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Fin de l'année 1997. Un film déconcertant et terrifiant circule dans quelques grands festivals. Un choc. La découverte d'un des plus importants et des plus expérimentaux cinéastes contemporains, un jeune réalisateur qui a pourtant déjà une œuvre conséquente derrière lui. Avec Cure, en effet, Kiyoshi Kurosawa arrive sur la scène internationale. Son film dépasse les conventions et contraintes de ce que l'on appelle alors le cinéma de genre (d'ailleurs, de quel genre s'agit-il ? Horreur ? Thriller ?) pour imposer les visions toutes personnelles d'une sorte de virtuose calme de l'horreur. Le refus de tout lyrisme, une sorte d'angoissante familiarité des événements et des choses, des rapports humains décrits, y définissaient une œuvre où tout semblait être montré pour la première fois. La terreur y apparaissait ainsi comme un pur principe philosophique. Car le récit de ces meurtres dénués a priori de sens, perpétrés par des individus ordinaires tenus sous la domination hypnotique d'un étrange assassin, constitue les fondements d'une réflexion profonde et hallucinée. Avec une science inouïe du cadrage et de la durée, le génie de son acteur Kōji Yakusho, Kurosawa décrit l'humanité comme hantée par une pulsion de mort, un sourd désir d'annihilation avec lequel chacun construit sa propre identité. Être n'est possible que dans la négation de l'être. Une telle vision, déjà en germe dans les films antérieurs à Cure, allait, après le succès du film, nourrir une filmographie prolifique et totalement singulière, un art de la mise en scène comme rhétorique d'un regard sans illusions sur la condition humaine.
Jean-François Rauger